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Témoignage
Une reconnaissance tardive du travail des femmes en agriculture

À Cussac-sur-Loire, Yvonne Bernard, agricultrice à la retraite, évoque l'évolution de la condition des femmes
dans le domaine agricole en Haute-Loire.

Yvonne Bernard ancienne agricultrice à Cussac/Loire et ancienne responsable professionnelle.
Pour Yvonne Bernard, aujourd'hui retraitée de l'agriculture, la journée de la femme devrait être célébrée toute l’année !
© HLP

Aujourd'hui retraitée de l'agriculture, Yvonne Bernard a travaillé au côté de son mari Roger sur l'exploitation qu'ils ont achetée dans les années 70 à Cussac-sur-Loire.
Au cours de sa vie professionnelle, elle a été amenée à occuper de nombreuses responsabilités au sein des instances agricoles départementales. À l'occasion de la journée internationale des femmes, le 8 mars dernier, elle nous a livré sa vision sur la place des femmes dans les exploitations agricoles.
Yvonne fait partie de ces anciennes agricultrices qui ont travaillé sans statut spécifique pendant longtemps sur la ferme de leur conjoint. "Mon mari était le chef d'exploitation et moi j'étais considérée comme sans profession... Pourtant je travaillais sur la fer-
me !" dit-elle en expliquant avoir débuté sa carrière en tant qu'animatrice au CDJA ; un poste qu'elle a occupé pendant 3 ans et qui l'a conduite à Paris en 1968. "Cette année-là, en compagnie d'une responsable du CNJA, nous avions décidé de nous rendre à l'Université de la Sorbonne pour assister à une conférence sur le devenir des femmes animée par une grande romancière. Nous avions profité de sa présence pour lui demander de livrer son opinion sur la condition des femmes à la campagne ? Ces femmes sont juste bonnes à faire des enfants !", nous a-telle répondu". Une réponse décevante pour Yvonne qui, selon elle, n'ouvrait pas d'excellentes perspectives pour l'avenir des femmes...

Aides à la décohabitation

Parmi les premières mesures qui ont contribué à améliorer les conditions de vie des femmes, l'ancienne exploitante évoque les aides à la décohabitation, "pour permettre aux jeunes couples de vivre chez eux et non pas chez leurs (beaux) parents".
Avec deux enfants et les travaux de la ferme à assumer, Yvonne décide de ne plus continuer à travailler au CDJA. "Sur notre ferme, installée aux Cabarets, nous nous sommes orientés en ovins avec un cheptel de Noires du Velay, dans l'objectif de relancer cette production locale".
Parallèlement aux travaux de la ferme, elle fréquente le GVA féminin de St Julien Chapteuil ; un groupe de réflexion qui va la mettre sur la voie de l'accueil à la ferme. "Certaines agricultrices proposaient déjà du camping à la ferme pour les stéphanois. De notre côté, nous avions une grande maison et nous sous sommes d'abord orientés sur un projet de gîtes. Les travaux étant trop coûteux, nous avons finalement opté pour des chambres d'hôtes". Comme d'autres agricultrices, Yvonne a donc développé sa propre activité qui venait compléter le revenu de la ferme et qui la conduira personnellement à présider l'ADAF43 pendant 20 ans.

Combat pour un statut

L'évolution de la législation a permis une amélioration du statut des femmes d'agriculteurs, d'abord avec la création des EARL, puis l’arrivée du statut de conjoint collaborateur et plus récemment l’instauration du GAEC entre époux. Toutefois, elle juge cette évolution trop tardive et se souvient que  "la plupart des élus agricoles étaient peu favorables à donner un statut aux femmes. Et dès que j'évoquais l'absence de retraite et la nécessité, pour elles, de cotiser, on me répondait que les agriculteurs pourraient compter sur un capital lorsqu'ils vendront leur ferme ! Or, le capital n'étant pas au rendez-vous partout, beaucoup de femmes n'ont rien touché...".
Elle cite aussi comme une évolution majeure pour les femmes : la mise en place du Service de Remplacement. "Lorsque leur mari ne pouvait plus travailler sur la ferme, la femme prenait le relais pour assumer la totalité des tâches. C'était synonyme de grandes souffrances, un peu comme pendant les guerres... Désormais les exploitants peuvent compter sur un intervenant extérieur".
Cette agricultrice s'est beaucoup investie dans de nombreux organismes agricoles, que ce soit au sein de la MSA, de la Chambre d'agriculture, de l'ADAF et de la FDSEA. Elle retiendra notamment sa participation aux commissions de recours amiable et à la commission sociale qui lui aura permis d'aider des personnes dans le besoin. Et de rappeler avec nostalgie, qu'à l'époque, la MSA pouvait compter sur son propre réseau d'assistantes sociales... Si au départ, Yvonne se sentait un peu seule en tant que femme dans la plupart des réunions professionnelles, les choses ont peu à peu évolué. "Les femmes se préoccupant davantage de la comptabilité sur les fermes, elles ont été plus associées aux décisions prises pour leur orientation..."

Vision décomplexée de l'agriculture

Même si les femmes sont encore largement sous-représentées en tant que chef d'exploitation, leur place a été indéniablement confortée dans les exploitations comme dans les instances agricoles. Et certaines d'entre elles suscitent son admiration au premier rang desquels on trouve Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA et plus localement, la député agricultrice Isabelle Valentin et la présidente des JA 43 Laurine Rousset ; "c'est une jeune fille dynamique et c'est grâce à ce genre de personnes que la place des femmes évoluera". Elle apprécie également le regard différent des personnes qui viennent d'autres milieux pour s'installer en agriculture : "Elles ont une vision décomplexée de l'agriculture".

 

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