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Mal-être
"Un temps de cochon", une soirée théâtre pour mettre des mots sur le mal-être en agriculture

À l'initiative de la MSA Auvergne, une soirée théâtre-débat a abordé le problème du suicide en agriculture, face à une centaine de participants, aux Estables.

Mal-ëtre

Sarah a 45 ans. Il y a une semaine, elle a été accueillie en hôpital psychiatrique suite à une tentative de suicide. Elle est éleveuse de porcs en plein air avec atelier de transformation et vente directe. Elle vit seule avec son fils de 11 ans. Voilà le synopsis de la représentation théâtrale "Un temps de cochon" qui a été proposée vendredi 10 novembre aux Estables, par "En compagnie des Oliviers" une troupe des Alpes de Haute-Provence, qui s'empare des problématiques sociales et sociétales les plus difficiles (la pauvreté, la vieillesse, les violences intrafamiliales, le handicap ou encore le suicide…) pour les mettre en scène afin de lever les tabous, d'éveiller les consciences et d'inviter les gens en situation à pousser les portes et demander de l'aide.
La représentation, suivie d'un débat avec la centaine de personnes présentes ce soir-là aux Estables, portait sur le mal-être en agriculture et plus précisément le suicide, alors que les chiffres officiels affichent 1 suicide chaque jour en France chez les agriculteurs.
 

Le théâtre pour dire tout haut ce qui est tu


Les 3 acteurs, Sarah l'agricultrice au bout du rouleau qui a tiré la sonnette d'alarme, Alvine la voisine agricultrice aussi débordée et seule mais qui cache ses problèmes derrière son exhubérance, et Philippe, l'alcoolique en cure, qui sert de miroir à Sarah, sans oublier les lettres de Tom le fils et pilier de Sarah, enchaînent les tableaux pour emmener le public au cœur du problème. Alternant monologues et échanges, humour et gravité, musique et silences, les acteurs expriment sans tabou et sans retenue le quotidien de ces deux femmes sur leur exploitation. Et pour apporter encore plus d'authenticité dans le message, les scènes sont ponctuées de témoignages filmés d'agricultrices et agriculteurs en situation de mal-être.
 

Quand trop c'est trop


Tout y passe : trop de travail, trop de fatigue qui s'accumule au fil des jours et des semaines, trop de lourdeurs administratives, des difficultés financières qui s'accroissent dans le temps, la solitude, le regard et le jugement des autres, un métier aux multiples casquettes et multiples soucis… Et puis, un jour, un jour comme les autres, on n'en peut plus, on décroche, on veut juste dormir, on veut que ça s'arrête…
Le sujet est encore tabou dans le milieu agricole. À la fois fiers et pudiques, les agriculteurs ont du mal à confier leurs angoisses, leurs difficultés financières, les problèmes relationnels qu'ils rencontrent au sein du Gaec, leurs souffrances… Mais ce soir aux Estables, le public d'agriculteurs mais pas seulement, s'est laissé interpeller par la sincérité des personnages et l'authenticité des situations. Par le théâtre, les maux ont pu être verbalisés et entendus.
À l'issue de la pièce, un débat avec la salle était animé par des professionnels Aurélien Tronchon formateur à l'INEPS (Institut National d'Expertise en Prévention et Sécurité) et Justyne Portal également formatrice. Même s'il n'était pas facile de prendre la parole sur ce sujet, certains ont exprimé les difficultés à repérer les personnes en situation de mal-être y compris dans l'entourage proche. Les intervenants ont alors répondu : "le changement doit nous alerter", invitant chacun à noter les comportements inhabituels qui peuvent être des signes d'angoisses, voire de détresse. Et même si la première à pousser est la plus difficile, il existe une multitude de portes pour demander de l'aide. Et s'il fallait retenir une seule chose de cette soirée, c'est qu'il ne faut pas rester seul sur son exploitation à "ruminer ses soucis" mais ne pas hésiter à demander de l'aide. Des organismes comme la MSA, la Chambre d'agriculture… ont des services dédiés avec des personnes formées à l'écoute qui peuvent ensuite orienter les personnes dans le dispositif adéquat.
Cette soirée construite autour de la représentation théâtrale "Un temps de cochon" a permis de poser des mots forts, percutants sur les maux qui plombent les agricultrices et les agriculteurs. Un premier pas pour lever un tabou.

 

Zoom sur…
La MSA vous accompagne
Cette soirée théâtre-débat aux Estables s'inscrit dans le cadre de l’appel à projet mal-être lancé par la Caisse centrale de la MSA. Pour la Haute-Loire, le service Action Sanitaire et Sociale de la MSA Auvergne a décidé de mettre en place cette soirée dans le but de briser les tabous et libérer la parole sur la question du mal-être sur les territoires ruraux.
Christian Gouy Président du Comité Départemental de la Haute-Loire et élu référent dans le cadre de ce programme mal-être et Blandine Paulin, Travailleur social MSA Auvergne et également référente du programme, ont expliqué que cette soirée avait pour objet de "sensibiliser" le public agricole mais pas seulement, à ce mal-être dans le milieu agricole ; un mal-être souvent tu. Ils expliquent que la MSA dispose de tout un panel de services dédiés avec notamment 7 travailleurs sociaux auprès des non salariés agricoles sur le département, un réseau de sentinelles (aujourd'hui 12 dont plusieurs sur le secteur du Mézenc) qui va s'étoffer grâce à une session de formation en 2024, un service Répit destiné à permettre aux exploitants de se faire remplacer pour souffler…
Christian Gouy souhaite, à travers une soirée comme celle-là, "toucher les invisibles", c'est à dire les personnes qui sont isolées sur leur exploitation et dont il est difficile de détecter les difficultés. Il invite donc tous les acteurs qui gravitent autour des exploitations mais aussi chacun de nous à se soucier de son voisin. À l'issue de cette soirée, chacun a pu repartir avec au moins un numéro de téléphone à appeler.  

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