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Porcins-Bovins
« Un peu plus de fumier et de lisier, c’est une sécurité financière et agronomique"

À Lorlanges, Julien Bard et ses deux associés croient en la production porcine. Ils témoignent de l’intérêt
agronomique de faire cohabiter production bovine et porcine.

Bard Julien éleveur à Lorlanges (43)
Julien Bard est installé avec son oncle et son cousin sur la commune de Lorlanges.
© S.C.

Au Gaec Clamonet, les engins de chantier ne vont pas tarder à débarquer pour concrétiser un projet mûri depuis deux ans par les trois associés : Julien Bard, son oncle Serge et son cousin Sylvain. Le bâtiment porcin de 90 truies (système naisseur-engraisseur-multiplicateur), sorti de terre en 2007 lors de l’installation de Julien, va en effet bientôt être complété par deux autres bâtiments de part et d’autre pour accueillir au total 210 truies. Un bâtiment sera dédié aux truies sur caillebotis, et un second à l’engraissement sur paille(1). Coût de l’investissement : 1 million d’euros, autant dire que Julien vit des nuits agitées en ce moment. " Même si nous allons bénéficier d’environ 300 000 euros d’aides, à travers le PCAE, le fond de développement régional porcin, et un coup de pouce du groupement, c’est un investissement conséquent ", témoigne le jeune homme. Dans ce territoire de moyenne montagne, si la production porcine tenait historiquement une place de choix dans des systèmes complémentaires bovins-porcins, force est de constater que ce modèle a été abandonné par la plupart des exploitants de la zone. Il n’est pourtant pas dénué de sens, d’un point de vue social, en maintenant des actifs nombreux sur le territoire, au niveau économique en assurant un revenu non négligeable, et agronomiquement en fournissant un amendement aux prairies particulièrement fertile.
Chez les Bard, on produit ainsi du lait de vache et de la viande de porc depuis trois générations. Aujourd’hui, l’exploitation compte 120 hectares de SAU dont 40 hectares de céréales (blé et orge) ; 12 hectares de maïs ensilage ; et le reste en prairies permanentes et temporaires. Au pré, le même ballet rythme chaque saison. " Depuis que nous avons réhabilité l’atelier porcin, nous ne travaillons pratiquement plus qu’avec du lisier. Nous utilisons l’engrais minéral seulement sur les surfaces non épandables et de l’azote sur les céréales ".

Des systèmes plus robustes face à la sécheresse

Le lisier est donc épandu dans les champs et les prairies, tout comme le fumier des cinquante vaches laitières(2), mais pas n’importe quand, ni n’importe comment. Étant en zone vulnérable, nous gérons l’épandage au plus serré. Sur les prairies, on sort en février, et sur les céréales et le maïs juste avant les semis ". Et les résultats sont au rendez-vous. " Quand nous avons démarré l’épandage du lisier sur les prairies, on a pu produire la même quantité de fourrages avec dix hectares en moins ". L’apport agronomique est donc bien réel. D’autant qu’au fil du temps, les associés ont amélioré leurs pratiques. " Au début sur les prairies, nous avions tendance à passer avec des gros volumes de lisier plus tôt dans la saison. Désormais, on épand entre 15 à 20 m³ par hectare, en deux fois, en sortie d’hiver puis lorsque les vaches ont pâturé une première fois ". Les analyses du sol effectuées régulièrement démontrent un apport important de matière organique, un sérieux atout y compris pour affronter des périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes depuis ces dernières années. " Un peu plus de fumier et de lisier, c’est une sécurité financière et agronomique ", estime Julien.
À travers un plan d’épandage, cet amendement bénéficie aux exploitations alentours. " Nous avons 40 hectares d’exploitations extérieures qui sont sur notre plan d’épandage ". Pour des raisons sanitaires afin d’éviter les va-et-vient sur leur exploitation, les associés du Gaec Clamonet assurent la fourniture de la marchandise et l’application sur les parcelles des voisins. Dans le cadre de l’agrandissement de l’atelier porcin, le plan d’épandage va augmenter de 20 hectares. Mais Julien n’est pas inquiet… Il devrait rapidement trouver preneur.

1). Les porcs engraissés sur paille seront valorisés en filière Capelin, qui prévoit une prime de 20 cts/kilo par rapport au porc standard, et un prix garanti.
2).  Dans la perspective du départ à la retraite de Serge, et une fois atteint leur rythme de croisière, le Gaec devrait abandonner la production laitière au profit d’un troupeau de vaches allaitantes.

 

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