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Congrès 2009 de la FDSEA
Un message syndical offensif et responsable

Quelques 250 personnes assistaient jeudi 12 mars au 63ème Congrès de la Fédération départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Haute-Loire, en présence de Dominique Barrau secrétaire général de la FNSEA. Après le rapport d'activités présenté par les présidents de sections et le secrétaire général de la FDSEA Jean Paul Sivard (voir nos articles mis en ligne le 6 mars dernier), Gilbert Guignand devait axer son rapport d'orientation sur le thème de l'organisation des filières économiques.

C’est un grand vent de syndicalisme qui a soufflé le 12 mars à St Paulien à l’occasion du 63e Congrès de la FDSEA de Haute-Loire. Sur fond de bilan de santé de la PAC, avec à l’esprit les dernières annonces du ministre Barnier, les responsables départementaux - le président Gilbert Guignand, le secrétaire général Jean Paul Sivard et l’ensemble des présidents de section - n’ont pas caché leur satisfaction, tout en martelant que c’est à la force d’un réseau et à la mobilisation de masse de ses adhérents, que l’on doit cette victoire syndicale. «Sans la manifestation du 16 septembre à Clermont Ferrand, historique pour le syndicalisme du Massif Central, sans les nombreuses interventions auprès de nos élus et les différentes actions et lobbies des uns et des autres, nous n’aurions pas obtenu ces mesures» insiste Gilbert Guignand.
Ils étaient, sur ce point, relayés par l’invité national Dominique Barrau éleveur en Aveyron et secrétaire général de la FNSEA, par le président des JA, Jean Julien Deygas, et par le président de la Chambre d’Agriculture Gilbert Bros, mais aussi par le ministre altiligérien Laurent Wauquiez.

Déjà au travail pour l’après 2013

Les responsables ne veulent pas se laisser aller à l’euphorisme ; ils ont d’ores et déjà lancé les pistes de travail pour passer le cap, qui s’annonce encore difficile, de 2009 voire début 2010, et surtout pour appréhender l’après 2013 : «ces aides peuvent être considérées comme des compléments de revenus et doivent néanmoins nous inciter à développer nos exploitations pour que demain nous soyons plus compétitifs sur le marché. Nous avons un grand défi à relever…» dira le président Guignand.
C’est dans cette perspective que le Conseil d’Administration avait choisi de présenter un rapport d’orientation sur l’organisation des filières économiques, reprenant ainsi le thème 2008 du rapport du Congrès de Nantes de la FNSEA, mais en l’adaptant aux réalités locales.
Gilbert Guignand dressait d’abord un bilan non exhaustif de l’organisation économique des productions départementales (en viande ovine, bovine, veaux de boucherie et de 8 jours, porcs, lait, fruits rouges, lentiles, produits fermiers…), en insistant sur «les efforts faits par les agriculteurs pour valoriser au mieux le fruit de leur travail». Ce tour d’horizon était un préambule à la table-ronde qui, elle, ouvrait un débat sur l’implication des producteurs dans les filières économiques (voir ci-après).
Même s’il ne va pas changer du jour au lendemain, le métier d’agriculteur va évoluer : «nous allons passer d’une agriculture soutenue économiquement à une agriculture entrepreneuriale» insiste Gilbert Guignand qui propose un message «offensif et responsable» avec des pistes de travail qui doivent «remettre en cause notre façon de travailler».

Des orientations départementales

Parmi les mesures que la FDSEA souhaite mettre en place, le président propose d’abord un nouveau PAD (Projet agricole départemental) qui tiendra compte des évolutions de la PAC. Il espère également une meilleure complémentarité entre les OPA pour proposer des services performants à tous les agriculteurs. Moderniser les instances départementales, repenser l’organisation du travail sur nos exploitations, veiller à optimiser les charges, protéger nos cheptels des risques sanitaires, saisir les opportunités en matière d’énergies renouvelables… voilà quelques pistes à explorer ou à poursuivre. Toujours dans une optique de service à l’agriculteur, Gilbert Guignand a présenté la Carte Moisson qui permet aux adhérents de bénéficier de remises auprès d’une centaine de commerçants locaux.
Le rôle du syndicalisme ne se cantonne  pas au sein de sa structure, il va plus loin dans l’accompagnement voire l’initiative de projets autour des productions départementales. Le président en fait le tour. Nous citerons quelques exemples qu’il a mis en avant. Le lait montagne est un dossier régional qu’il est important de relancer. En viande bovine, il faut aller vers l’engraissement et la finition des animaux. Sur la filière veaux de 8 jours, il faudrait trouver d’autres débouchés que l’Italie. La technique reste la priorité en ovins, tout en réfléchissant à une organisation collective de la production. Pour le porc, la consommation de proximité reste une piste intéressante. Et la liste est loin d’être exhaustive…
Avant de conclure son propos, Gilbert Guignand est revenu sur le rôle du syndicalisme et sur l’intérêt pour tous de travailler en étroite collaboration ; il cite notamment tout le travail fait avec les JA43 et la Chambre d’Agriculture.
Les orientations prônées par l'Union Européenne nous poussent à penser que le Libéralisme et le Marché seront demain une priorité des politiques économiques européennes.
Et de fait, nous sommes malgré nous, dans un marché qui tend à s'internationaliser. Dans ce cadre, notre rôle de responsables syndicaux n'est pas toujours facile. Nous devons dire la vérité, même celle qui est difficile à entendre. Mais surtout  véhiculer les messages d'espoir.

Dominique Barrau : «On peut renverser des montagnes…»

Pour Dominique Barrau, secrétaire de la FNSEA, et éleveur du Massif Central, le Bilan de santé de la PAC avec ses mesures en faveur de l’herbe et de l’élevage, est «un bon exemple de syndicalisme». Il explique : «Si nos demandes n’avaient pas été légitimes, nous n’aurions pas été 18 000 à Clermont Ferrand le 16 septembre. Et on n’aurait pas été entendus au Ministère». Et de poursuivre : «Quand on a des équipes responsables et des adhérents, on est capable de renverser des montagnes… d’influencer des élus, un ministre, un gouvernement, qui ont par ailleurs eu le courage d’aller jusqu’au bout…». Il en profitait aussi pour souligner qu’au vu des avancées obtenues, une cotisation à la FDSEA est quelque chose de rentable.

La FNSEA, un lieu de discussions

Il ajoute que ce n’est pas fini et qu’il faut maintenir la pression pour arriver à un aboutissement complet dans l’application de ce plan. Pour cela, le Grand Massif va à nouveau réunir ses troupes avant le Congrès de Poitiers (FNSEA) du 30 mars au 2 avril.  Interrogé sur l’ambiance à la FNSEA, entre céréaliers et éleveurs, le secrétaire général répond que si on ne doit pas se réjouir des différents au sein de la grande maison, «c’est un endroit où il peut y avoir discussions et divergenges d’opinions» et que «c’est là la richesse des débats». Conscient que les céréaliers peuvent trouver «la marche un peu haute», il invite «les éleveurs à avoir un comportement qui ne soit pas ingrat…». Il insiste : «la FNSEA ne sera crédible qu’à partir du moment où son réseau continuera d’exister…».
Dominique Barrau est également intervenu sur le travail engagé par la FNSEA avec l’ANIA (Industries agro-alimentaires) et les consommateurs à travers l’organisation UFC Que Choisir. Depuis la LME (Loi de Modernisation de l’Economie), «on a alerté sur le libéralisme extrême, faisant part de nos craintes vis à vis de la grande distribution».  Ils ont fait une lettre commune pour réclamer la transparence dans le cadre de l’observatoire des marges et des prix.

Table ronde : «Il faut s’engager dans les filières,
conserver nos outils et nos produits»

Une table ronde réunissant des responsables professionnels impliqués dans des filières ou des démarches de commercialisation, s’est penchée sur l’intérêt des producteurs à s’impliquer dans les filières économiques.
Des propos des 5 intervenants, on pourrait retenir quelques grandes lignes.
. Il faut adapter le marché à la demande. Aujourd’hui, les consommateurs sont sensibles à des notions d’environnement et de sécurité. C’est pourquoi, les filières de proximité avec des produits identifiés par rapport à un terroir ou un territoire ont une image qui plait. Les initiatives développées dans ce sens, Veaux des Monts du Velay, Porc de Haute-Loire sont des exemples qui sont dans le vrai.
On ajoute même qu’il y a une véritable interactivité : les produits sont véhicules de communication pour la région, et la région invite à connaître ses produits.
. Suivant les produits, il faut rester sur des niches locales ou préférer des bassins de production plus larges pour assurer une régularité importante en terme de commercialisation.
. Pour garder la valeur ajoutée, les agriculteurs doivent aller jusqu’au bout de la filière et ne pas confier le travail à d’autres. Les participants sont unanimes : «conservons nos outils et nos produits».

Ils ont dit…

Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi

«Pour beaucoup d’entre vous, la période est dure ; il y a encore une petite année à tenir… Il ne faut pas que des gens restent au bord de la route…»
«Dans le cadre du Plan d’Urgence, on s’est battu pour ramener 300 000 euros de plus en Haute-Loire. Le déplacement de Michel Barnier a enfoncé un peu plus le clou…»
«Pour pouvoir défendre la PAC en 2013, il faut qu’elle soit juste. Si la PAC n’est pas juste, elle est condamnée…»
«Michel barnier a été courageux. C’est la première fois qu’on a une redistribution de cette ampleur : 1,4 milliard d’euros redéployés…»
«Pour la Haute-Loire, l’enveloppe est comprise entre 19 et 25 millions d’euros. Il ne faut pas lâcher la pression. Si on arrive à obtenir le maximum, la Haute-Loire sera parmi les grands gagnants de ce plan.»
«C’est un moment historique… C’est une vraie chance… mais il faut continuer à bien tenir la ligne…»

Jean-Julien Deygas, président des Jeunes Agriculteurs 43

«Je suis très heureux de pouvoir travailler en complémentarité et dans la complicité avec la FDSEA»
«Un grand merci à tous ceux qui se sont mobilisés lors de nos actions syndicales et qui ont respecté l’entité FDSEA-JA»
«Il faut continuer à valoriser les produits de Haute-Loire sans oublier de conserver nos outils économiques»
«Concernant l’observatoire des prix et des marges, il faut aller plus vite ; on ne peut pas travailler avec les GMS à n’importe quel prix…»

Gilbert Bros, président de la Chambre d’Agriculture

«Je voudrais dire un Merci tout particulier à Jean-Paul Sivard qui a été mon secrétaire général aussi, pour les nombreux dossiers qu’il a su défendre» (NDLR : Jean-Paul Sivard laisse le poste de secrétaire général de la FDSEA, cette année)
«Merci à tous pour votre mobilisation… Avec la FDSEA et les JA, la Chambre d’Agriculture est le troisième pied»
«Il ne faut pas s’endormir… Nous devons préparer l’après 2013…»

Coup de gueule…

Le secrétaire général de la FDSEA exprime sa colère.

Jean-Paul Sivard a dressé un bilan du travail syndical opéré tout au long de l’année 2008 (voir notre article page 14 de La Haute-Loire Paysanne du 13 mars).
Il a profité du micro pour lancer 2 coups de gueule.
. Il revenait sur les problèmes récurents de sangliers avec des dégâts très importants, sur certains secteurs, dus à une population mal maîtrisée. «Ce sont des situations intolérables auxquelles, il va bien falloir remédier…» devait-il menacer.
En fin de congrès, le Préfet s’est dit lui aussi très au fait de la situation, et tout en souhaitant garder de bonnes relations entre agriculteurs et chasseurs, il convient de la nécessité de décider d’actions coups de poing.
. Quant aux retards de paiements de certaines aides,
Jean Paul Sivard ne pointe personne du doigt, mais il est exaspéré par les «défaillances de la technologies» comme
on lui explique, qui mettent
en difficultés des trésoreries souvent déjà précaires.
Là aussi, le Préfet abonde dans son sens et reconnait lui que derrière les ordinateurs,
il y a des hommes. Il assure veiller à ce que ces situations soient réglées au plus vite.

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