Aller au contenu principal

« Pour un chèque alimentaire pérenne, simple et accessible »

Yannick Fialip, président de la commission Économique de la FNSEA, s'exprime sur l'aide que le gouvernement a récemment annoncée dans le domaine alimentaire.

La FNSEA milite depuis longtemps pour la mise en place d’un chèque alimentaire. Par l’intermédiaire de la Première ministre, Elisabeth Borne, le gouvernement vient d’annoncer la mise en place d’une aide pour le mois de septembre. Cela vous satisfait-il ?
Yannick Fialip : L’aide prévue par le Gouvernement est une réponse à la hausse du coût de l’alimentation, sans ciblage dans son utilisation par les bénéficiaires. La proposition de la FNSEA sur le chèque alimentaire doit venir agrémenter les réflexions pour le dispositif qui prendra le relais. Notre démarche s’appuie sur trois idées fortes. Cette aide, que nous souhaitons pérenne, doit tout d’abord permettre aux populations les plus précaires de mieux s’alimenter en achetant notamment des produits locaux, frais et de saison. C’est là notre premier objectif. Le deuxième but que nous visons est de détruire cette spirale infernale mise en place par la grande distribution qui, à force de vendre toujours moins cher, renforce la précarité et la malnutrition. Au nom d’une guerre des prix parfois sans borne pour gagner d’infimes parts de marchés, les centrales d’achat cultivent la pauvreté tout en réduisant le nombre d’agriculteurs.

Et le troisième objectif ?
YF : Il est clairement de faire revenir des emplois dans nos territoires. En recréant du lien entre l’alimentation de proximité et le consommateur, nous souhaitons que les personnes en demande d’emploi saisissent l’opportunité, à travers leurs achats, leurs rencontres avec des agriculteurs chez qui ils pourraient s’approvisionner avec ce chèque alimentaire, de se tourner vers le secteur agricole et agroalimentaire pour qu’elles participent aussi à régénérer nos économies locales. Comme dans le milieu de l’hôtellerie et de la restauration nous avons besoin de main d’œuvre et d’emplois. N’oublions pas qu’en milieu rural, presque un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté, particulièrement en milieu rural isolé. Pour la FNSEA comme pour les OPA qui se sont engagées début juin dans le « Collectif Chèque alimentaire », il importe que le futur dispositif soit pérenne, simple et accessible

Pouvez-vous préciser ?
YF : Pérenne, c'est-à-dire non conditionné à une durée précise ou une situation économique donnée ; simple, de manière à ce que les ayants droit ne rencontrent aucune difficulté à y avoir accès et à l'utiliser ;  accessible, en permettant aux bénéficiaires de l'utiliser dans tous les canaux de distribution sans restriction afin de couvrir toutes les habitudes de consommation et tous les territoires. Il restera au gouvernement qui a maintenant les cartes en mains de définir le profil des bénéficiaires et le montant financier de l’aide à accorder.

D’autres pays européens pourraient-ils s’inscrire dans cette démarche ?
YF : A ce jour, je pense que la France est pionnière dans ce domaine en Europe. C’est un sujet qui n’a que peu émergé dans les discussions jusqu’à présent. Cela dit, l’Union européenne aide les précaires à travers son Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) d’un montant de presque 4 milliards d’euros sur six ans. Ce sont les associations caritatives qui en bénéficient le plus et les sommes allouées ne concernent qu’en partie l’alimentation et les produits agricoles.


Avec ce chèque alimentaire, n’allez-vous pas entrer en concurrence avec ces associations ?
YF : Bien au contraire. Ce chèque vient en complément d’une action déjà remarquable qu’elles accomplissent au quotidien. Leur public est d’ailleurs assez ciblé, environ cinq millions de personnes en France. Avec le chèque alimentaire, à la manière des Food Stamps américains, nous souhaitons toucher les personnes qui ne parviennent pas à manger trois repas par jour : elles seraient 10 millions en France. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde.

Dans le contexte très incertain que la France et l’Europe connaissent, ne serait-il pas opportun de mettre en place des stocks stratégiques ?
YF : Ce dossier concerne, je pense, plus le niveau européen en particulier la PAC, que le niveau français. Nous disposions autrefois de stocks de blé, de beurre etc. qui nous permettaient de faire face à un éventuel événement international. Nous étions en pleine guerre froide. Depuis la chute du Mur du Berlin, nous avons peut-être vécu dans l’illusion d’un monde qui resterait en paix pour de très nombreuses décennies. Ce qui n’est plus le cas. A ce jour, rien n’est inscrit dans le marbre. Remettre en place des stocks de sécurité nous permettrait, aussi et pourquoi pas, de réguler les prix.
 

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout La Haute-Loire Paysanne.

Les plus lus

Deux agents  du Service  de Remplacement sont sur l’exploitation du Gaec Montchazel pour un mois, pour  pallier l’absence pour raison de santé, de deux associés,  Laurence et  Lionel, et seconder Dominique Beaud.
Deux agents remplacent deux associés
Dominique Beaud associé du Gaec Monchazel à Chassagne a l'habitude de faire appel au Service de Remplacement en cas d'accident,…
Salon Vaches en piste
44 laitières de Haute-Loire à la Roche-sur-Foron
Parmi les 700 vaches qui vont faire le show sur 4 jours, du 30 mars au 2 avril, en Haute-Savoie lors du Salon "vaches en pistes…
à l’aide d’un bras hydraulique, Gaëtan monte de son fauteuil jusqu’à la cabine.
Agriculteur et basketteur en fauteuil
Gaëtan Arnaud est agriculteur, producteur de céréales et d’herbe, à Espalem, mais aussi sportif au sein du Club des Aigles du…
Julien Duplomb, Laurine Rousset et Jocelyn Dubost à la tribune.
Stop aux contraintes qui gâchent le métier d'agriculteur !
   Les JA de Haute-Loire étaient réunis en assemblée générale le vendredi 10 mars à Vergezac. Un temps d'échanges centré sur les…
Des bâtiments d'élevage qui répondent aux enjeux de demain.
Des bâtiments modernes, fonctionnels, confortables et adaptés aux enjeux de demain
180 personnes ont participé aux visites de fermes proposées dans le cadre du rallye "Bâtiment" organisé par le service bâtiments…
Des élus attentifs à la présentation des conseillers chambre d’agriculture.
Des outils pour rendre votre exploitation plus résiliente
La session du 17 mars a fait jour sur l'accompagnement proposé aux agriculteurs pour une meilleure résilience de leur…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site de la Haute-Loire Paysanne
Consultez les revues de la Haute-Loire Paysanne au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la Haute-Loire Paysanne