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Agriculteurs-Chasseurs
"Les agriculteurs sont des sentinelles pour la faune sauvage"

Projets Les agriculteurs et les chasseurs peuvent travailler ensemble sur diverses mesures visant à protéger le petit gibier tout en ayant un intérêt agronomique.

Acteurs du monde rural, agriculteurs et chasseurs sont souvent complémentaires sur le terrain et se retrouvent autour d'une cause commune, la conservation de la biodiversité, comme le souligne le président de la Fédération départementale des chasseurs de Haute-Loire, Louis Garnier. Propos repris par le responsable Chasse de la FDSEA43, Philippe Chatain (voir Point de vue… ci-dessous).
Et même si parfois la gestion du grand gibier -en particulier le sanglier- est source de discordes sur quelques points noirs du département, le monde agricole et celui de la chasse peuvent œuvrer de concert à travers des actions communes pour la protection du petit gibier.
Le directeur Gilles Fombelle précise que "la Fédération des Chasseurs est dotée d'une commission "petit gibier" avec des administrateurs dédiés", et que plusieurs actions sont mises en place sur divers secteurs du département en lien avec les agriculteurs et les ACCA. "Les agriculteurs sont des sentinelles pour la faune sauvage" souligne-t-il en précisant "nous conduisons des enquêtes agriculteurs pour la gestion de la faune et ces méthodes sont parmi les plus fiables notamment pour la perdrix".
Quand on parle petit gibier, on distingue plusieurs catégories, selon les explications du technicien de la Fédération Hugues Giraud. Sur le département, parmi le petit gibier sédentaire, on trouve lièvre, lapin, perdrix, faisan ; ce dernier pénalisé par l'altitude et souvent considéré comme un gibier de tir, a fait l'objet d'une introduction de populations naturelles sur les secteurs de Séneujols et Bains. On a aussi du petit gibier migrateur : grive, caille des blés, colombidés essentiellement pigeon. Et enfin, on a du gibier d'eau comme les bécassines sur les secteurs de montagnes.

"Une mosaïque d'habitats"

Et "toutes ces espèces, sont inféodées aux pratiques agricoles" insiste Hugues Giraud. Il prend l'exemple de la perdrix grise présente sur le plateau du Devès et pour laquelle "on a fait beaucoup d'efforts de repopulation et on sait qu'il faut un minimum de 25% de la SAU en céréales" pour maintenir des conditions propices à la conservation et au développement de cette espèce.
Le directeur adjoint de la Fédération des Chasseurs, Franck Brun, résume : "les zones cultivées sont une richesse pour accueillir la petite faune sauvage. Et cette capacité d'accueil est essentielle…". Et d'inciter à conserver au mieux le parcellaire tel qu'il est, avec des cultures, des prairies et des forêts, qui constituent "une mosaïque d'habitats" pour la conservation des espèces.
La Fédération départementale des Chasseurs (FC) et la Fédération départementale des Syndicat d'Exploitants Agricoles (FDSEA) devraient amorcer ensemble un projet autour de la protection du petit gibier. "On a déjà quelques axes de travail" précise Gilles
Fombelle, mais concrètement, ce sont les ACCA qui se rapprochent des agriculteurs de leur secteur pour mettre en œuvre ces projets à plus ou moins grande échelle.
Ainsi, la FC préconise l'implantation de cultures intermédiaires afin qu'un couvert hivernal apporte abri, protection et nourriture pour cette faune. Notons que ces couverts végétaux sont également plébiscités pour leur intérêt sur le plan agronomique. Tout le monde peut y être gagnant. La FC propose un mélange qu'elle fournit aux agriculteurs. Une soixantaine d'hectares sur une dizaine de communes sont actuellement engagés ; le deal est de semer le plus tôt possible après la récolte et de laisser la culture en place jusqu'au début mars. Le directeur précise que la Région apporte aussi un soutien pour ces actions. Franck Brun insiste sur une attente concernant les perdrix et les cailles : "nous demandons aux agriculteurs, dans la mesure du possible bien sûr, de retarder un peu le retournement des parcelles après moisson, d'attendre début ou mi-septembre. En effet derrière la moisson, il y a beaucoup de nourritures pour ces espèces…".
Les haies sont aussi de très bons abris pour la nidification notamment et des zones de nourriture et de protection pour le petit gibier. La FC suit actuellement plusieurs projets, au total 1,5 km sur les secteurs du Devès, Solignac, Les Villettes… Là aussi, "l'intérêt est double : agricole et environnemental". Hugues Giraud précise que avant implantation, une concertation peut être intéressante notamment dans "le choix des essences".

Vigilance

Toujours pour préserver les animaux, le technicien attire l'attention des agriculteurs lors des travaux de fenaison et moisson, et fait appel à leur vigilance pour repérer et protéger les nids et les jeunes perdrix, cailles, faisans voire levrauts. Mais il reconnaît, que ce n'est pas toujours facile.
Sans entrer dans les détails, on peut aussi mentionner les bandes de céréales, rachetées par la FC, à laisser dans le champ, les opérations de réouverture des milieux avec les ACCA, le pâturage des zones humides, une limitation du drainage… tout un panel de pratiques qui visent à "sauvegarder au mieux les milieux naturels, maintenir les équilibres et à éviter d'aseptiser les paysages".
Agriculteurs et chasseurs, et on peut ajouter forestiers, ont chacun un rôle à jouer dans l'entretien du territoire et peuvent faire front ensemble face à leurs détracteurs communs. Gilles Fombelle rappelle que "les agriculteurs sont membres de droit des ACCA en tant qu'apporteurs de terrain", et ils les invitent à rejoindre les conseils d'administration pour dialoguer, au niveau communal, et rapprocher les deux mondes, de l'agriculture et de la chasse.

 

Point de vue…
"Les chasseurs et les agriculteurs restent les deux principaux acteurs de la gestion de l’environnement…"

Il y a plusieurs décennies, les agriculteurs étaient souvent chasseurs. L’augmentation de la taille de nos exploitations et la diminution du nombre d’agriculteurs nous ont éloignés de nos associations de chasse communales. Cependant les chasseurs et les agriculteurs restent les deux principaux acteurs de la gestion de l’environnement et donc dans l’obligation d’œuvrer ensemble.
Le dialogue entre nos deux corporations est primordial, il doit être permanent est surtout ne pas se résumer à ce que l’on entend -heureusement de moins en moins- : si tu veux une clôture donne moi l’agrainage. L’agriculture a besoin de la chasse pour réguler les espèces en surnombre qui peuvent générer des dommages et véhiculer des maladies dangereuses pour la nature mais aussi pour les êtres humains, et les chasseurs ont besoin de l’agriculture pour la gestion de territoires propres et dégagés pour exercer leur loisir en toute sécurité.
Certaines ACCA aident les agriculteurs à mettre en place des haies, des cultures intermédiaires qui servent à protéger le petit gibier mais qui permettent aussi pour l’agriculture de protéger les sols ou d’abriter les animaux du vent et des intempéries. Dans d’autres secteurs les chasseurs nous confient l’entretien d’espaces protégés dont ils assument la responsabilité (zones humides). Parfois des cultures à gibiers sont implantées pour que les animaux sauvages ne viennent pas se nourrir sur nos cultures. Ces collaborations ne sont possibles que dans un respect mutuel et dans un dialogue constructif, mais je suis persuadé que ça aussi ça ce cultive.
Dans une société de plus en plus urbaine mais très inquiète pour la nature, nous devons montrer et expliquer nos pratiques de ruraux et ce que nous mettons en place tous les jours pour la préservation de notre nature et de sa biodiversité. Certains idéalistes veulent nous imposer une nature sauvage et non régulée, ils oublient simplement que les humains sont une composante importante de la nature.
Philippe Chatain  - responsable chasse FDSEA 43

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