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Action syndicale
Les agriculteurs défient la grande distribution

Les plates-formes de distribution des enseignes Leclerc et Intermarché situées dans la banlieue de Moulins ont été bloquées de mercredi à vendredi, par plus de 200 agriculteurs de la région.

La crise laitière a été le détonateur de la mobilisation syndicale. Exaspérés par des prix qui peinent de plus en plus à couvrir les charges de production, alors que dans les rayons, les prix à la consommation restent à des niveaux élevés, la profession veut savoir ce qui se passe derrière les marges. Avant même le 11 juin, date fixée par la Fnsea et les JA dans le cadre d'un mot d'ordre national, des agriculteurs, bien décidés à en découdre avec des pratiques commerciales jugées abusives et déséquilibrées, ont commencé à bloquer des plates-formes de distribution. Parmi eux près de 200 agriculteurs du Puy-de-Dôme, réunis à l'appel de l'Udsea et des JA, qui dès mardi soir, ont pris la route en tracteurs, direction le Nord de la région(*). Certains d'entre eux sont partis à 11 h du soir, pour arriver autour des 5 heures du matin, sur les plateformes de distribution d'Intermarché et de Leclerc, situées respectivement sur les communes d'Avermes et d'Yzeure, dans la proche banlieue de Moulins, dans l'Allier. Si le poids des hommes a sans conteste pesé dans le bon déroulement du blocage, la présence d'une trentaine d'engins agricoles a facilité les opérations. Ainsi dès mercredi matin, plus aucun camions n'entraient ni ne sortaient des deux sites. De quoi mettre un sérieux coup de frein à l'activité des deux principaux centres logistiques de la région Auvergne. La plateforme Leclerc enregistre au moins 800 mouvements de camions par semaine, sachant que le mercredi et le jeudi sont les jours où le trafic est le plus dense. Celle d'Intermarché approvisionne une centaine de magasins dans huit départements, autour de l'Allier.

Bras de fer

Autant dire que les trois jours de blocage sont loin d'être neutres pour les enseignes. Dès le premier jour, les manifestants ont ainsi reçu la visite d'un huissier. Au fil des heures, le bras de fer s'est engagé entre les producteurs, les entreprises et la préfecture de l'Allier. Les producteurs du Puy-de-Dôme, rejoints jeudi par ceux de l'Allier à l'appel de l'Udsea de la Fdsea et des JA, puis vendredi par des agriculteurs de la Nièvre, de la Haute-Loire et de la Creuse, ont fait front.
Au final, la pression du terrain a payé puisque la Fnsea et les JA ont été reçus par Michel Barnier et Luc Chatel, vendredi.

39 plates-formes bloquées par 7000 agriculteurs

Les présidents de la Fnsea et des Jeunes agriculteurs ont expliqué la colère et les revendications déterminées des milliers d'agriculteurs qui, durant plusieurs jours, ont bloqué 39 plates-formes des centrales d'achat, soit la moitié des bases présentes sur le territoire. Jean-Michel Lemétayer et William Villeneuve ont exigé du Gouvernement des actions concrètes pour obtenir enfin la transparence des marges tant attendue, et pour mettre fin à certaines pratiques commerciales déloyales voire illégales. Ils ont demandé solennellement que l'état remplisse son devoir de gendarme et remette de l'ordre, de l'équité et de la morale dans l'intérêt commun des producteurs agricoles, des salariés et des consommateurs. Les ministres les ont assurés de la détermination du gouvernement à diligenter un plan de contrôle de vaste ampleur par les agents de la DGCCRF dans les enseignes de la grande distribution, à publier rapidement et régulièrement les premiers résultats de l'observatoire des prix et des marges et à réaliser un bilan de la LME, tout particulièrement de la négociabilité des conditions générales de vente. Au niveau régional, suite à une entrevue avec les services de l'état, les responsables syndicaux ont obtenu la mise en place, d'ici l'automne, d'un observatoire régional des prix et des marges. Un premier pas.

(*) Au total près de 400 agriculteurs du Puy-de-Dôme se sont relayés pour assurer les trois jours de blocage. Certains d'entre eux ont passé trois nuits blanches.

 

La LME pas en cause ?

Selon Jean-Paul Charié, député UMP du Loiret et rapporteur de la LME (Loi de modernisation de l'économie), si la colère des agriculteurs se comprend puisqu' «en 10 à 15 ans, le transfert des profits des agriculteurs et industries agro alimentaires vers la grande distribution est indéniable. Hier, 15 % de marge suffisaient aux grandes surfaces. Aujourd'hui, 25 % est leur mini- mum!», pas question pour autant de faire porter le chapeau à la LME.
Dans un communiqué, le député explique que « si cette loi permet la libre négociation, comme c'est déjà la pratique dans 80 % des échanges, elle impose le juste équilibre entre fournisseurs et revendeurs. Cette seconde partie n'est toujours pas respectée dans certains secteurs, par des distributeurs qui continuent de dire «négocier, c'est imposer mes conditions - liberté de négocier, c'est acheter moins cher». Or pour acheter moins cher il faut d'abord permettre au fournisseur de gagner plus. Gagnant-gagnant. Toute autre attitude n'est conforme ni à la LME ni à l'économie de marché à dimension humaine ». Pour lui, le politique doit « faire appliquer la loi. Faire cesser les pratiques commerciales sources de déséquilibres significatifs. Comme la loi le permet, nous devons étendre à tous les acteurs (y compris à certains fournisseurs) des filières concernées (lait, porc, fruits et légumes...) des mesures exceptionnelles et temporaires pour éviter l'anarchie des prix source de faillites». Y'a plus qu'à...

 

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