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Portrait
Léa, éleveuse et bientôt chasseuse

À Saugues, dans le hameau des Salettes, Léa, 27 ans, élève moutons et vaches allaitantes avec son père. Rencontre avec une jeune femme moderne et professionnelle qui consacre aussi du temps à d’autres passions comme l’équitation et bientôt la chasse.

A 27 ans, Léa Lebrat est une jeune agricultrice bien dans ses bottes. Installée depuis 2018 sur la ferme familiale aux Salettes à Saugues, elle gère, avec Didier, son père, un troupeau ovin de 800 brebis BMC et 60 vaches allaitantes Limousines. Au Gaec des Esclops, il n’y a pas vraiment de tâches assignées à chacun des associés : «Nous procédons ensemble au soin des animaux et à leur alimentation. Même si je m’occupe de l’agnelage et mon père se charge du travail des champs, lorsqu’il s’agit de faner ou de labourer, on le fait à deux» explique Léa. Et tout ce travail quotidien est accompli sous le regard attentif, technique et bienveillant de son grand-père, Robert, qui est visiblement très heureux que la nouvelle génération ait pris la relève. 

La grosse bétaillère et le tracteur ne lui font pas peur !

Imprégnée par la ferme et les animaux d’élevage dès son enfance, Léa n’a jamais eu aucune hésitation sur sa future profession : elle serait agricultrice aux Salettes ! Mais avant de s’installer, elle est tout de même un peu allée voir ailleurs. «J’ai travaillé pendant un an au Contrôle Laitier, ce qui m’a permis de voir beaucoup de fermes et puis j’ai travaillé pendant 3 ans à Fedatest où je m’occupais du troupeau, des agnelages et des travaux des champs... car je savais conduire le tracteur !» dit-elle avec un sourire qui cache un certain vécu... Car, que ce soit en tant qu’étudiante ou agricultrice, Léa a malheureusement fait les frais d’une inégalité entre les genres, encore bien vive dans le monde agricole. «Un jour j’ai dû trier des animaux (en séparant 5 brebis de 20 agneaux) à la place de mon père au marché à Saugues. Alors on m’a dit : on appelle ton père ? J’ai répondu à cette personne, que je devrais y arriver toute seule !» se souvient-elle en s’étonnant de la persistance de ce genre de remarques, alors que de plus en plus de filles s’orientent vers des études agricoles. Léa se souvient aussi avoir essuyé plusieurs refus lorsqu’elle cherchait des maîtres d’apprentissage, pas toujours enclins à garder un apprenti pendant 2 ans et surtout s’il s’agissait d’une fille...

Mais Léa veut «passer au-dessus» de ces considérations qu’elle juge arriérées et veut aller de l’avant en prouvant qu’une femme peut tout faire sur une exploitation ; elle conduit d’ailleurs régulièrement et, aussi bien qu’un homme, la grosse bétaillère et le tracteur du Gaec.

De l’espace et pas trop de patron

La jeune éleveuse apprécie la diversité des tâches de son métier qu’elle n’accomplit jamais sans ses indispensables chiens de troupeaux et de protection : «J’aime le contact avec les animaux et travailler dehors. Il me faut de l’espace et pas trop de patron»

Et quand vient l’été, elle est toujours la première pour amener 400 brebis (qui ont agnelé en mars) en estives à Super Besse. Un moment qui lui rappelle son enfance lorsqu’elle accompagnait ses grands-parents sur ce même chemin de haute montagne. «En estives, on est seul et tranquille avec ses brebis et ses chiens»...

Léa est passionnée par son métier, mais elle sait aussi se consacrer à d’autres occupations qui tournent aussi à la passion, c’est le cas de l’équitation. «Avec mes parents nous avons 9 chevaux de selle, ce qui nous amène à faire une semaine par an (fin août) une randonnée à cheval avec des amis. Cette année, nous sommes allés en Lozère». Mais pas d’inquiétude, en leur absence, c’est leurs cousins, tout aussi passionnés qu’eux, qui assurent sur la ferme... Mais Léa va encore plus loin dans la pratique du cheval en participant à des concours d’endurance à travers la France entière ; c’est ainsi qu’en 2021, elle a remporté la course des 100 km à cheval dans le Puy-de-Dôme. Et elle se prépare d’ores et déjà à participer au championnat de France d’endurance à cheval qui se déroulera en Haute-Loire en juillet 2023.

Léa chasseuse

Et d’ici peu, la jeune éleveuse aura un nouveau loisir : la chasse. Son compagnon étant chasseur de sangliers, elle a eu envie de passer son permis via une formation proposée par les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire. «J’aime la recherche du gibier avec les chiens de chasse mais pas spécialement tuer le gibier... Ici nous n’avons pas trop de dégâts sur les prairies. Par contre, nous avons le loup...». Une espèce, pour l’instant protégée par la convention de Berne mais que Léa espère un jour pouvoir chasser si la réglementation évolue. «Je trouve que les agriculteurs ne sont pas suffisamment représentés dans les ACCA(*). Beaucoup râlent mais du coup ne peuvent pas agir».

En cette période où rien ne semble aller pour l’agriculture avec la sécheresse, l’augmentation du coût des charges et de l’alimentation,  la prédation... Léa montre une certaine inquiétude pour tous les jeunes qui se sont installés récemment et qui ont investi. 

De leur côté, les Lebrat ont commencé à réduire momentanément et par force, le nombre de leurs animaux afin de limiter les coûts.

(*) Association Communale de chasse agréée.

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