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Le dossier "sécheresse 2018" rejeté, déception et colère pour la profession

Alors que le manque d'eau se fait déjà sentir au sortir de l'hiver 2019, la Haute-Loire s'est fait retoquer sur son dossier calamité 2018 par le Comité national de gestion des risques.

Après la sécheresse 2018, la situation perdure en ce début 2019.
Après la sécheresse 2018, la situation perdure en ce début 2019.
© HLP

Le comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA), réuni mercredi 17 avril, a rejeté notre demande de reconnaissance de calamité agricole pour la Haute-Loire, concernant la sècheresse en 2018. Le Comité a considéré que le rapport météo ne conclut pas au caractère exceptionnel de l'événement climatique. Le département ne peut donc pas souscrire à l'enveloppe nationale, qui représente un prévisionnel global de 201,5 millions d'euros.
Le dossier présenté par la Haute-Loire, et préparé par la profession et l'administration, qui se sont appuyés sur des visites sur le terrain notamment sur les secteurs les plus touchés par le manque d'eau, était étayé par des bilans fourragers et des mesures météos réalisés à l'aide de logiciels spécifiques. Une cartographie permettait de mettre en évidence la situation observée sur l'été et surtout l'automne 2018. En effet, la sécheresse 2018 était particulièrement sévère en septembre et octobre. Néanmoins, l'épisode neigeux juste avant Toussaint a compté dans les relevés mensuels de précipitations laissant apparaître une situation moins catastrophique qu'elle ne l'a été. Une mesure qui a assurément désservi le dossier altiligérien.


2 départements sur 44 retoqués
Thierry Cubizolles président de la FDSEA, souligne les aberrations qui ont conduit à l'éviction de la Haute-Loire du programme des calamités agricoles pour 2018. «Les données prises en compte ne reflètent pas ce qui s'est passé sur le terrain. Certains secteurs n'ont pas vu une goutte d'eau en 6 mois. Alors on se pose des questions. Attendant toutes les données notamment les bilans fourragers pour être précis dans notre dossier, on est passé en dernier. Avons-nous fait les frais d'un manque de budget ? Sur 201 millions d'euros, la Haute-Loire a zéro ! La Loire, le Puy-de-Dôme, le Cantal... ont été reconnus. La pluie se serait-elle arrêté aux frontières de notre département pour garder une poche plus arrosée ?», extrapole avec amertume l'élu syndical. Notons que le Cantal a été classé au 3/4, comme le Puy-de-Dôme (75 communes exclues). La Lozère a, elle, eu 112 communes classées. Et sur 44 départements demandeurs, seuls 2 ont été rejetés : la Haute-Loire et le Loir et Cher.
Si l'on revient sur le dossier, on peut noter que c'est toujours très compliqué de faire un zonage fidèle à la réalité de par l'hétérogénéïté des secteurs les uns par rapport aux autres. Et par extension on peut s'interroger sur la pertinence de vouloir faire classer le département dans son intégralité pour pouvoir accéder à certaines aides, ou  de délimiter des zones à l'intérieur du département. Dossiers toujours délicats malgré le travail réalisé en amont par la Commission départementale.


Déception, incompréhension, colère...
C'est une déception pour la profession comme le souligne Thierry Cubizolles qui pense en priorité aux agriculteurs qui ont dû sortir leurs animaux tôt ce printemps même si l'herbe est rare, parce que «les granges sont vides et l'accès aux fourrages est difficile. Ils sont hors de prix et les revenus des exploitations sont en baisse. Ils sont rares et on nous explique que c'est à cause de la pression de nos voisins de l'Europe du Nord, mais c'est aussi dû à la sécheresse de 2018. Et j'ajoute que les sous-produits vers lesquels on pourrait se tourner sont en conurrence avec la méthanisation. Quant à la paille, même problème...». Le président pointe donc une situation délicate en ce début 2019, avec cette annonce qui vient plomber encore le moral des agriculteurs. Et sur ce dossier, le président de la FDSEA insiste sur «l'absence du représentant de la Coordination Rurale au CNGRA, ce qui a déséquilibré les forces et donné la majorité à l'Adminsitration».
Le nouveau président de la Chambre d'Agriculture, Yannick Fialip partage cette analyse et dénonce : «J'ai le sentiment que les services de l'État ont abandonné le département et ne reconnaissent pas le travail effectué par le Comité départemental». Et d'ajouter : «heureusement que nous avions (ndlr : la FDSEA et JA, quand il était encore président du syndicalisme majoritaire) négocié une aide avec la Région AURA».
Les responsables professionnels départementaux ne veulent pas en rester là, même si le dossier ne peut pas repasser en Comité national ; la décision prise le 17 avril est définitive. Néanmoins, les responsables FDSEA-JA et Chambre d'Agriculture ont immédiatement réagi par du lobbying auprès des parlementaires du département et du Ministère de l'agriculture, car la dernière carte à jouer est la décision du Ministre de l'agriculture.


Et pour 2019, la pluie se fait encore attendre
Pour cette sécheresse 2018, rappelons toutefois que la profession agricole a obtenu le soutien de la région AURA. Plus de 1 700 exploitations de Haute-Loire vont bénéficier du dispositif de l'aide sécheresse régionale. Le règlement de celle-ci a débuté et se poursuivra sur les prochains mois. Parallèlement l'exonération de la TFNB (Taxe sur le foncier non bâti) est actée pour notre département. Les services fiscaux traitent actuellement ces demandes d'exonérations. Les professionnels espèrent que cette mesure profitera à un grand nombre.
Une sécheresse en cachant une autre, les responsables se préoccupent aussi et dès à présent de la sécheresse précoce que nous vivons en ce moment. En effet, les précipitations hivernales sont insuffisantes sur l'ensemble du département semble-t-il, et certains secteurs souffrent déjà. Le manque d'eau risque d'affecter la mise à l'herbe et surtout les premières coupes d'ensilages. Suivant le temps des prochaines semaines, il est probable que la FDSEA et JA envisagent de déposer à nouveau une demande de reconnaissance sécheresse au titre de 2019 !
Dossier à suivre...

EDITO

Scandaleux

Encore une fois la Commission Nationale des Calamités Agricoles a décidé de ne pas donner un avis favorable au dossier sécheresse de la Haute-Loire. L'administration a préféré se fier aux données météos qui montraient un état pluviométrique "normal" pour le département alors que nous avons fait face à une sécheresse estivale et surtout automnale terrible. Notre dossier a été recalé alors que les éleveurs altiligériens vidaient les stocks printaniers dès le mois d'août sans jamais pouvoir récolter ensuite. Alors comment faire lorsque les granges sont quasiment vides au début de l'hiver et que les fourrages sont hors de prix et rares ? Et oui messieurs les technocrates parisiens, donnez nous une réponse ! Nous ne l'aurons jamais ! Ils veulent faire des économies sur le dos des agriculteurs.
Je suis aussi très perplexe, très en colère et pour cause : notre dossier aurait pû être requalifié soit sur une révision du zonage ou sur les taux de perte, si et bien si, la Coordination Rurale avait bien voulu assister à cette commission nationale ! La profession aurait ainsi été à égalité avec l'Administration, ce qui nous aurait donné une meilleure chance d'aboutir.
Alors messieurs qui voulaient reprendre toutes les chambres d'agriculture de France.... sachez que la politique de la chaise vide se fait toujours au détriment des agriculteurs !

Thierry Cubizolles - Président de la FDSEA43

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