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AP3C
Des données consolidées et des leviers d’action à l’échelle du Massif central

Le projet " Adaptation des pratiques culturales au changement climatique " (AP3C) disposent d’indicateurs climatiques clés détaillés au plus près des réalités de chaque agriculteur. Point avec Olivier Tourand, chef de file du projet au niveau du Sidam.

Tourand Olivier, Sidam, Chef de file du projet AP3C

Comment est né le projet AP3C ?

 
En 2006, à l’occasion de l’assemblée générale des JA de la Creuse portant sur le changement climatique, nous avions fait intervenir le climatologue Vincent Caillez, qui à l’époque nous avait indiqué qu’en 2050, le climat de Guéret ressemblerait à celui de Toulouse. Six ans plus tard, Vincent Caillez rejoignait la Chambre d’agriculture de la Creuse pour travailler sur ce sujet crucial du changement climatique.
En 2015, onze départements du Massif central(1) se sont associés à cette problématique dans le cadre du projet AP3C, soutenu par le Commissariat de Massif, les Conseils régionaux(2), les chambres d’agriculture et le Sidam (Service interdépartemental du Massif central). Face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents, et conscients que le recours au fonds climatique aide un peu, mais ne résout rien, les agriculteurs du Massif central se sont donnés les moyens pour mieux connaître les épisodes climatiques afin de mieux les anticiper.
 

Que sait-on aujourd’hui grâce au projet ? La réalité a-t-elle déjà dépassé la fiction ?

 
L’évolution climatique va plus vite que ce qu’on avait prévu. Il y a une accélération manifeste. Les agriculteurs en sont désormais convaincus par la force et la répétition des épisodes. Mais là où il y a méprise, c’est que les gens confondent souvent météo et climat, alors que ce sont deux choses différentes. Les tendances climatiques peuvent se prévoir alors que la météo globalement non. Une chose est sûre, toutes les actions qui seront entreprises aujourd’hui n’auront un effet que dans trente ans, il est donc urgent d’agir.
 

Les projections climatiques existent à travers le GIEC, en quoi celles établies par le projet AP3C permettent-elles d’appréhender plus concrètement les choses ?

 
L’échelle territoriale utilisée par le GIEC est trop grande. Pour construire une stratégie d’exploitation agricole, il nous fallait une maille beaucoup plus fine pour prendre en compte l’ensemble des systèmes d’exploitation. Au terme de cinq années de travaux, nous avons fait la jonction entre toutes les stations météo du Massif central, et travailler sur une trentaine d’indicateurs agro-climatiques, par exemple l’évolution de la date de fauche précoce, la date de démarrage de la végétation… Demain, nous disposerons de 55 nouveaux indicateurs agro-climatiques pour prendre en compte la diversité des types de sols.
 

En quoi ces indicateurs sont-ils précieux pour appréhender les changements ?

 
Les conseillers AP3C ont travaillé sur trois approches : climat, agronomie et système. C’est la combinaison de ces trois approches qui nous a permis de réaliser un travail de scénarisation de l’évolution des systèmes à l’horizon 2050. Grâce aux indicateurs agro-climatiques, nous sommes capables de dire pour telles cultures voilà quels sont les indicateurs clés à actionner pour modifier sa conduite. Et c’est là, que les différences par secteur s’expriment. On est capable de prouver, par exemple, que trois années sur cinq, la culture de tel ou tel sera pénalisée par un déficit hydrique… L’enjeu est de pouvoir dire au chef d’entreprise, voilà en fonction des données, vers quels choix stratégiques s’orienter de manière à ce qu’il puisse agir en connaissance de cause. Aujourd’hui, techniciens et agriculteurs doivent s’emparer de ces données. Des formations sont actuellement réalisées auprès des techniciens. L’une d’entre elles s’est déroulée en septembre à Limoges, deux autres sont prévues début 2021 à Clermont-Ferrand et Rodez. Des formations Vivéa vont être proposées aux agriculteurs. Nous allons également sensibiliser les structures d’enseignement agricole. Nous disposons désormais de toutes les données pour tout le monde, pour que plus aucun agriculteur du Massif central ne dise, je ne savais pas.
 

Les premiers résultats, issus des conjonctions des trois approches, ont-ils fait apparaître des impasses liées notamment au déficit hydrique récurrent ?

 
Toutes les pistes auxquelles les gens pensent naturellement : diminution du cheptel, achat extérieur… conduisent à une baisse de l’EBE. C’est le premier enseignement issu de nos rencontres avec les techniciens et les groupes d’agriculteurs. Il s’agit donc de trouver d’autres pistes à juxtaposer sur chaque ferme pour éviter une baisse de revenu. Les combinaisons sont à envisager au cas par cas. Certains pourront développer des cultures demain qu’ils ne pouvaient pas hier, comme le maïs en altitude, alors que dans certaines zones de plus faible altitude, d’autres stratégies devront être mises en œuvre. Les zones intermédiaires et le sud du Massif central vont être particulièrement impactés par le changement climatique. Les légumineuses pourraient être une des pistes à développer sur ces territoires, y compris pour l’alimentation humaine. Evidemment, cela remet en cause des pratiques, pour certaines " historiques ", avec des conséquences sur les filières. Les partenariats avec l’amont sont indispensables, tout comme l’accélération des travaux de recherche sur le blé notamment. Mais quoi que nous fassions, le sujet de l’accès à l’eau est et restera primordial que ce soit pour l’irrigation ou pour l’abreuvement des animaux. C’est dans cet esprit, que nous avons rencontré récemment plusieurs acteurs dont l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.
 
1)- Les onze départements impliqués sont : l’Allier, l’Aveyron, le Cantal, la Corrèze, la Creuse, la Loire, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère, le Puy-de-Dôme et la Haute-Vienne.
2)- Les phases 1 et 2 du projet ont été soutenus par les Conseils régionaux d’Auvergne Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine. Pour la phase 3, ces deux régions ont été rejoints par la région Occitanie.
 
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