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Lait de montagne
13 propositions pour donner un avenir à la filière lait de montagne

Le 23 juillet, le député Jean-Pierre Vigier a présenté les résultats de la mission d'information conduite sur la filière laitière en zone de montagne. 13 propositions ont été faites pour valoriser le lait hors AOP.

Vaches laitières au pâturage

Quelques jours après la présentation du rapport de la mission d'information sur la production laitière hors AOP en zone de montagne auprès de la commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale, le député de Haute-Loire Jean-Pierre Vigier, co-rapporteur de cette mission avec Pascale Boyer deputée des Haute-Alpes, a livré les principaux enseignements de ce travail conduit sur l'ensemble des massifs français (Alpes, Pyrénées, Massif-Central, Vosges, Jura, Corse).


Déprise laitière
Avant d'entrer dans le vif du sujet, le député a apporté quelques précisions concernant la production laitière en montagne : "Sur l'ensemble des massifs français, un tiers sont sous signes officiels de qualité et de l'origine (AOP/IGP) et deux tiers sont du lait classique. Ce sont ces deux tiers de la production qui souffrent énormément" lance le député. Le rapport de la mission d'information parle d'une déprise laitière déjà engagée, en particulier dans certaines zones des Alpes, dans les Pyrénées et dans le Massif central. Pour ce dernier territoire, qui concentre 66 % des élevages de montagne et 64 % des volumes livrés, la mission juge la situation "particulièrement préoccupante. Le massif a connu une forte diminution du nombre de producteurs livrant du lait, de - 34,3 % sur la période 2008-2017. La valorisation du lait y est un problème majeur, puisque seuls 20 à 25 % du lait sont produits sous SIQO". Et parmi les différents laits (vaches, brebis, chèvres), c'est le lait de vache qui se trouve le plus impacté.
Les principales causes de ces difficultés sont les surcoûts de collecte et de production en montagne, alors que le prix du lait y est équivalent à celui des zones de plaine (330€/tonnes), et le manque d'attractivité du métier. Une injustice selon le co-rapporteur Vigier qui clame les atouts des élevages de montagne "vertueux et respectueux de l’environnement". "Les vaches pâturent, mangent de l'herbe et produisent ainsi un lait de qualité qui n'est pas valorisé à sa juste valeur" précise-t-il. Ainsi, le rapport décrit l’agriculture de montagne "qui se caractérise par des systèmes de productions extensifs, reposant sur une faible utilisation d’intrants et des exploitations plus petites que la moyenne nationale".
La déprise est donc à l'oeuvre et la mission pointe du doigt le rôle essentiel de cette filière lait de montagne pour tous les massifs. "L'agriculture est un enjeu très important en terme de création d'emplois. Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL) estime à environ 65 000, au total, le nombre d’emplois dépendant de l’activité de la filière laitière de montagne. C'est aussi un enjeu en terme d'attractivité du territoire et du maintien de la vie et des paysages ouverts".
Pour faire en sorte de valoriser au mieux ce lait de montagne hors AOP et ainsi pérenniser la filière sur nos massifs, la mission a émis 13 propositions qui se structurent autour de 3 axes.


Un cadre fiscal à adapter
Le premier axe préconise l'adoption d'un cadre fiscal adapté en vue de compenser les surcoûts liés aux handicaps naturels. Pour ce faire, les députés proposent d'appliquer le modèle des ZRR (Zones de Revitalisation Rurale) qui permet aux nouveaux installés d'obtenir des exonérations fiscales et sociales et des aides à l'investissement. Toutefois, Jean-Pierre Vigier aimerait que ces exonérations puissent s'appliquer à toutes les exploitations agricoles existantes en zone de montagne et non pas aux seuls nouveaux installés et qu'elles puissent être couplées au maintien des aides telles que l'ICHN. "On pourrait aussi envisager d'octroyer des subventions plus élevées lors d'investissements ou de construction de bâtiments d'élevage, faire sauter le plafond de la règle des minimis qui limite le taux de subvention sur 3 ans des grandes entreprises laitières" indique-t-il.
Et d'ajouter : "On pourrait aussi appliquer l'exonération de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) prévue par la loi montagne 2 votée en 2016 et dont le décret d'application n'a jamais été pris...".


Valorisation du lait de montagne
Le second axe, jugé très important par le député, vise la valorisation du lait de montagne et la structuration de la filière.
Pour réussir cet objectif, la mission évoque "la mise en place d'une marque ombrelle destinée à valoriser les produits laitiers issus des zones de montagne". Et cette marque ombrelle pourrait être une STG, Spécialité Traditionnelle Garantie, un signe officiel d'identification de l'Union Européenne, qui fait référence à la composition d'un produit, à son mode de production ou de transformation effectué de manière traditionnelle sans lien avec un territoire. "La STG est une démarche officielle dotée d'un cahier des charges qui permettrait d'obtenir une meilleure valorisation du prix du lait. Les Autrichiens ont obtenu une STG pour du lait de foin et ils ont réussi à obtenir de meilleurs prix". Cependant, la réussite de ce type de démarche est conditionnée à la mise en place d'une communication musclée au niveau national, prévient le député. Une STG doit par ailleurs être portée par un collectif ou une fédération, «une initiative qui pourrait être assurée par l'ANEM...» assure le député.
J.P Vigier insiste par ailleurs sur l'importance de conserver l'ensemble des acteurs de la filière lait de montagne sur les territoires de montagne, sous peine de voir s'envoler la valorisation et les emplois...


Renforcement de l'attractivité des métiers
Le troisième axe de propositions concerne le renforcement de l'attractivité des métiers de la filière. Pour rendre le métier d'agriculteur plus attractif, la mission propose d'aider encore davantage les installations de jeunes, de les accompagner, de mettre en place deux années pour tester le métier,  d'accroître le nombre de postes dans les écoles nationales des industries laitières, de remettre en place un observatoire de l'installation et de la transmission..., et de communiquer sur la filière.
Avec ce rapport de 85 pages, le député Vigier espère à présent convaincre le ministre de l'Agriculture de suivre les préconisations de la mission d'information pour venir en aide à cette filière en souffrance ; le rapport lui sera d'ailleurs présenté lors du congrès de l'ANEM en octobre prochain.  "Sans élevage, ni troupeaux, ni unité de transformation du lait, c'est l'âme de nos territoires de montagne que l'on pourrait perdre !" a conclu Jean-Pierre Vigier.

 

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