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Viande bovine - Les “bons plans” de la filière française

Patrick Bénézit (FNSEA-FNB) est intervenu à l’assemblée générale d’Elvea Sud Massif central sur le plan de filière viande bovine élaboré par Interbev.

Patrick Bénézit, aux côtés de Denis Costerousse, président d’Elvea Sud MC.
Patrick Bénézit, aux côtés de Denis Costerousse, président d’Elvea Sud MC.
© R. S.-A.

“Depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, les règles qui régissent le commerce sont faites pour que les prix de l’alimentation soient le plus bas possible, il faut sortir de ce dogme ! Les affaires se font maintenant.” Invité par Elvea Sud Massif central à dresser un point d’étape des États généraux de l’alimentation et de la proposition de loi qui en a découlé, Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, ne s’est pas abstenu de tacler le fossé entre les objectifs affichés par le président Macron à Rungis pour redonner de la valeur aux produits agricoles, et le contenu du texte soumis à la Commission économique de l’Assemblée nationale, vidé des dispositifs permettant de rééquilibrer les rapports de force entre les quatre centrales d’achat françaises et les 500 000 agriculteurs. “On ne peut pas parler de coûts de production si c’est Leclerc et Intermarché qui continuent de les fixer ! On ne peut pas parler de médiation si en cas de conflits, il n’y a pas de juge saisi ! On ne peut pas parler de valeur si les promotions ne sont pas plus encadrées ! On ne peut pas parler de rééquilibrage des relations commerciales si les pouvoirs publiques laissent la grande distribution se concentrer, comme cela se profile, avec un accord annoncé entre Système U et Carrefour qui pèseront, ensemble, 35 % des achats agricoles !” a fustigé le syndicaliste, relayant la déception et la colère de l’ensemble de la profession.

Le hamburger détrône le jambon-beurre

Patrick Bénézit était aussi attendu sur le plan de filière sur lequel l’interprofession viande bovine (Interbev) a planché à la demande du gouvernement, comme toutes les autres filières d’ailleurs. Un plan qui, pour lui, a eu le mérite de mettre en évidence des atouts forts de la filière française, celui de réunir autour de la table des acteurs pas dans les meilleurs termes ces dernières années, et d’écrire collégialement une feuille de route. Cette dernière s’articule autour de plusieurs axes. Un pacte sociétal, dont s’est déjà doté Interbev avec un travail engagé avec des ONG environnementales et associations - modérées - de défense de la cause animale. “On a beaucoup d’éléments positifs à faire valoir, comme sur le plan Éco-antibio dont l’objectif était d’atteindre une baisse de 25 % des antibiotiques utilisés en élevage, on en est déjà à - 37 % sans qu’il y a ait eu besoin de réglementation restrictive....” Autre enjeu, celui de satisfaire les exigences qualitatives du consommateur. “Il y a encore beaucoup de choses à faire autour du persillé de la viande, du classement carcasse... pour aller vers l’excellence”, estime le Cantalien non sans relativiser la baisse de la consommation de viande. Cette dernière se porte bien en restauration hors foyer et “le hamburger a même détrôné le fameux jambon-beurre”. Cette ambition va de pair avec la montée en gamme souhaitée qui passerait par l’essor des labels (lire encadré). Une proposition pas toujours bien accueillie... Sur l’encadrement des promotions, la loi devrait limiter ces dernières à 25 % des volumes et 35 % en valeur. “En viande bovine, la filière ne souhaite pas aller jusqu’à ces taux-là”, a indiqué Patrick Bénézit. Mais la grande distribution n’est pas la seule préoccupation d’Interbev dont le plan de filière vise à développer la part de viandes françaises dans la restauration hors foyer. Même si “le ménage a été fait ces dernières années par les actions des éleveurs, ça reste un vrai sujet, avec des parts de marché à prendre et la loi peut aider en imposant au moins 50 % d’approvisionnement local”.

Espoirs sur la Turquie

L’export fait lui toujours partie des pierres angulaires de la stratégie interprofessionnelle : “Une vache allaitante sur deux produit pour l’export”, a rappelé le responsable FNSEA qui espère vivement que les récents contacts avec la Turquie (lire L’union du 25 avril) se concrétisent rapidement par l’ouverture concrète de ce marché aux animaux vifs français (à engraisser ou prêts à tuer) “très appréciés de tout le Pourtour méditerranéen”.  Un dossier qui a fait réagir dans la salle : “On nous dit que la Turquie est ouverte mais d’un point de vue sanitaire, c’est blindé, c’est impossible de mettre en place des quarantaines sanitaires dans le département sans trouver un foyer de FCO, a lancé Michèle Chastan présidente du marché au cadran de Mauriac. Il y a quand même un problème franco-français.” “Les discussions en cours sont de nature à faire évoluer les choses avec une grosse pression des engraisseurs turcs”, estime Patrick Bénézit pour qui un premier signal favorable a été donné avec le relèvement du poids maximal accepté (350 kg).  Pour Frédéric Lagarde (Eurofrance), la stratégie d’export doit aussi intégrer la viande. Il témoigne de la nécessité de trouver des débouchés, autres que l’Italie, aux babys français qui viennent actuellement concurrencer les engraisseurs italiens et, par ricochets, le broutard français.

 

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