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Sébastien Piqueronies : le coach d’une génération en or

Formé tout minot au Stade aurillacois, le manager du XV de France des - 20ans champions du Monde, sera vendredi à Aurillac. Interview d’un coach discret mais efficace.

Donner confiance aux joueurs, via des exigences cohérentes et stables : un leitmotiv
de Sébastien Piqueronies.
Donner confiance aux joueurs, via des exigences cohérentes et stables : un leitmotiv
de Sébastien Piqueronies.
© I. PICAREL

Son nom et son visage sont restés dans l’ombre étoilée de ses protégés qui ont décroché il y a quelques mois le titre de champions du monde des - 20 ans en s’imposant rien moins que devant les meilleures nations de l’Ovalie : Afrique-du-Sud, Mini-Black, les jeunes sujets de Sa Majesté... Des Ntamack, Bamba, Joseph, Coville et autre Laporte, une génération en or que cet Aurillacois de naissance encadre depuis plusieurs années et à laquelle il a su donner confiance et l’envie de la gagne. Entraîneur des Bleuets, Sébastien Piqueronies n’en demeure pas moins un Cantalou pure souche, resté simple, disponible, discret. Et lucide : pas question de se reposer sur les lauriers de 2018.



Vous avez fait vos débuts en U8 au Stade aurillacois avant d’enchaîner en cadets et crabos puis de signer en reichel à l’ASM. Un parcours qui aurait pu vous ouvrir la voie à une carrière pro...


S. P. : “Je me suis blessé très jeune, au genou dès la deuxième année de crabos, j’ai ensuite étudié au Staps à Clermont-Ferrand en même temps que j’évoluais en reichel comme trois-quatre centre. Le changement de catégories d’âge a fait que je n’ai pas eu d’autre contrat à Clermont. Je suis alors parti en Fédérale 2 à Issoire deux ans, et j’ai passé le Capes avant d’être prof de sports stagiaire. Muté à Paris, j’ai alors joué à Gennevilliers en Fédérale 3 et 2, puis j’ai  passé deux années au FCTT rugby, en F2, avant d’être contraint d’arrêter ma carrière à 25 ans suite à des blessures à répétition. Après avoir obtenu les DE 1 et 2, j’ai été nommé responsable du pôle Espoirs du lycée Jolimont, en tant que prof d’EPS mis à disposition de la FFR. C’est là que j’ai eu la chance d’entraîner des jeunes comme Jean-Marc Doussain, Gillian Galan, Geoffrey Palis, Antoine Dupont, Romain Ntamack, Ramos, Marchand...”

Vous êtes ensuite nommé entraîneur au pôle France de Marcoussis des - 17 ans en 2015, puis  des - 19 ans avant d’être promu manager des Bleuets en 2018. Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans ce rôle de coach, un acteur majeur avec oreillette mais sans crampon... ?


S. P. : “Je crois que j’ai toujours eu en moi cette appétence pour l’entraînement : quand j’étais à Paris, j’entraînais aussi les élèves de Science po... C’est finalement un parcours que les blessures n’ont fait qu’accélérer. Ce qui me passionne à cette fonction, ce sont fondamentalement deux choses : pouvoir rester dans ce milieu qui m’a bercé et construit, un milieu avec des rapports humains forts, des valeurs de dépassement de soi... Jouer, ça ne dure qu’un temps. Aujourd’hui, j’apprécie d’être dans la gestion de projet, de le mener à bien et de tout mettre en œuvre pour le faire aboutir.”


Un projet qui a parfaitement fonctionné avec les Bleuets. Qu’est-ce qui a fait la différence avec ce groupe ?


S. P. : “La confiance qu’ils ont en eux, dans le système et dans le staff autour d’eux. Et la cohérence du parcours. L’élément déclencheur, c’est tout le travail en amont qu’ils ont réalisé, au sein des pôles Espoirs dont ils sont issus. Ils ont tous été bercés au projet des équipes de France jeunes avec une cohérence et une régularité dans ce qu’on leur demandait. C’est ce qui génère la confiance. Je crois beaucoup au travail et au parcours. C’est un groupe de joueurs exceptionnels dans leur détermination, l’attention qu’ils ont entre eux, la définition d’objectifs communs.”

Cette confiance, cette cohérence, c’est ce qui manque aujourd’hui à leurs aînés du XV de France ?


S. P. : “Je suis évidemment mal placé pour en parler. Le parcours du très haut niveau français doit répondre à de multiples contraintes et il faut faire preuve d’une ingénierie extrêmement pointilleuse. Je peux vous dire que les Bleus font partie de ceux qui le font avec beaucoup de passion et d’énergie. Avec les moins de 20 ans, on a la chance d’avoir un environnement beaucoup plus simple, médiatiquement notamment, avec beaucoup moins de pression. C’est forcément plus facile à gérer.”

Champions du monde : “le plus dur à venir”


Quelle est la “patte” Piqueronies ?

S. P. : “ Je n’aime pas cette notion. Il n’y a pas de style Piqueronies. Je fais partie d’un système relativement bien huilé, avec un partage avec mes
collègues. Je travaille en concertation avec les clubs, les cadres techniques. Par contre, je suis totalement en phase avec ce qu’on a envie de proposer au niveau des équipes de France jeunes : un jeu de vitesse, de mouvement perpétuel, de prise
d’initiatives. Un jeu qui allie agressivité - dans la culture française avec un jeu d’avants fort -, vitesse dès le départ de l’action, et intelligence dans la prise de décisions. Avec l’idée que tous les joueurs se mettent au service du porteur.”

Quel bilan tirez-vous du tournoi des Six Nations où les Bleuets étaient forcément très attendus(1) ?

S. P. : “Un bilan mitigé en termes de prestations et performances mais qui correspond à un environnement particulier. Mais dans mes missions, il y a celle de faire éclore de jeunes talents. Quand on voit qu’aujourd’hui une dizaine de jeunes joueurs évoluent en Top 14 ou Pro D2, c’est une vraie satisfaction. Le plus bel exemple, c’est Ntamack en équipe de France. Lors du tournoi, on a utilisé pas moins de 43 joueurs, c’est une rotation excessive mais volontaire afin de développer les compétences d’un maximum de joueurs et préparer la coupe du Monde qui constitue forcément l’objectif de la saison. Je retiens donc des choses plutôt intéressantes du tournoi : on arrive à produire beaucoup et marquer davantage mais on prend aussi beaucoup de points, en ayant du mal à gérer les moments émotionnels, et ce dans les deux sens. Il faut être beaucoup plus efficients offensivement et le plus stables possible, qu’on ait beaucoup d’avance ou beaucoup de retard. L’erreur, c’est de croire qu’en étant champions du monde, on est arrivé. Être champions une fois, ça n’amène rien. Comme on n’est que des Français, qui ont tendance à s’endormir facilement après une victoire, le plus dur est à venir. Le premier travail après la coupe du Monde, ça a été de travailler deux fois plus que l’année dernière ! ”

Derby : “32 à 10 pour les Aurillacois...”

Vous gardez un œil sur les résultats des Aurillacois ?

S. P. : “Oui bien sûr, même si c’est de façon un peu différée. J’ai deux très bons amis que sont Mathieu (Lescure) et Thierry (Peuchlestrade) avec lesquels j’échange quand ils sont sur Paris. Je dirais que les Aurillacois restent fidèles à leur identité, qui est de mettre du mouvement, de générer de la vitesse, beaucoup jouer, récompenser les joueurs méritants, c’est la marque de fabrique du Stade même dans les moments où ça marche moins bien. C’est un club de formation et d’expression des joueurs. Même s’ils jouent cette saison le maintien, la réalité c’est qu’ils sont toujours dans un championnat de Pro D2 qui, d’année en année, est plus difficile et concurrentiel et ce, malgré des moyens qui n’ont pas évolué à la même vitesse que ceux d’autres clubs. Il faut être optimiste, il y a ici des valeurs, des forces qu’on ne soupçonne pas.”


Votre pronostic pour le derby de vendredi ?

S. P. : “Je suis nul en pronostic ! Mais je crois dans une large victoire
d’Aurillac 32 à 10. Je pense que, logiquement, ils vont perdre à Bourg-en-Bresse(2) et après exploser les Coujoux à Jean-Alric.”

(1) Avec trois victoires et deux défaites, les Français se classent 2e derrière l’Irlande.
(2) Pas si nul en pronostic S. Piqueronies : les Aurillacois ont effectivement été défaits le soir-même de cette interview par les Burgiens.

 

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