Machinisme - Les tracteurs agricoles passent au GNR au 1er novembre
Pour répondre à l’évolution des normes en matière de pollution, le GNR ou gazole non routier devient obligatoire pour les moteurs utilisés en agriculture et en forêts. Qu'est ce nouveau carburant, quels sont ses atouts et ses contraintes, faut-il changer ou nettoyer sa cuve de stockage… autant de questions auxquelles nous avons essayé de répondre. Lire notre dossier complet dans le journal de cette semaine.

Au 1er novembre, les tracteurs agricoles et forestiers devront utiliser du Gazole Non Routier (GNR), comme le stipule l’arrêté du 10 décemvbre 2010 publié au JO du 31 décembre 2010. Cette obligation d’utilisation est effective depuis le 1er mai 2011 pour les véhicules automoteurs (chargeuses, bulldozers, excavateurs, équipements d'entretien des routes, grues mobiles, machines agricoles automotrices…).
Cette législation s’inscrit dans le cadre des nouvelles normes environnementales visant à améliorer la qualité de l’air, qui découlent du protocole de Kyoto. Ainsi le carburant consommé dans les moteurs diesel doit limiter les émissions de gaz à effet de serre et particules polluantes.
Moins polluant
Le principal atout du GNR c’est donc son impact limité sur l’environnement. Il présente une teneur en soufre de 10 ppm soit une teneur divisée par 100 par rapport au fioul domestique. Son indice de cétane est plus élevé ; il est supérieur à 51 alors que celui du fioul domestique est supérieur à 40. Cet indice permet d’augmenter la capacité de combustion et de diminuer les émissions d’imbrûlés solides. La masse volumique à 15°C est de 820 à 845 kg/m3 pour le GNR contre 830 à 880 pour le fioul domestique. Ces 2 points permettent de réduire le bruit des moteurs, d’améliorer le démarrage à froid et d’éviter un colmatage prématuré des filtres et injecteurs. Enfin, pour compenser la diminution du souffre, sont ajoutés à la composition du GNR 7% d’Esther Méthylique d’Acide Gras (EMAG), un biocarburant qui permet une lubrification «propre».
Le GNR est homologué par les fabricants de moteur dans le cadre de la norme EN 590.
Des contraintes
De part sa composition, à savoir sa teneur en biocarburant à base végétale, le gazole blanc et donc le GNR se conserve moins bien que le fioul : moins de soufre (fongicide) et plus d’EMAG qui est hydrophile. La circulaire d’application du décret du 10 décembre 2010 indique donc qu’«Il est recommandé d’éviter le stockage prolongé (plus de 6 mois) du gazole non routier… Le stockage sur des périodes supérieures à un an est vivement déconseillé». En clair, les pétroliers se couvrent en cas de problème de conservation au-delà de 6 mois. Et d’ailleurs, commercialement, ils proposent un GNR de marque avec une durée de conservation certifiée à 9 mois.
Il est donc important de calculer sa consommation annuelle pour optimiser son stockage et garantir une bonne conservation.
Le biocarburant a aussi pour effet de décaper les parois des cuves et réservoirs. Les particules résultantes restent en suspension dans le carburant et encrassent ainsi les filtres et injecteurs moteurs.
Sa faible Température Limite de Filtration, température au dessous de laquelle le carburant ne peut plus être filtré, a conduit les fabricants à proposer 2 versions. Le GNR «été» prévu d’avril à octobre affiche une TLF de 0°C minimum et la version «hiver» de novembre à mars descend à -15°C. Outre ces deux catégories, les pétroliers proposent aussi du GNR de qualité supérieure avec notamment des caractéristiques à froid renforcées. Ce gazole est additivé toute l’année et possède une TLF inférieure de 10°C environ à celle du GNR standard, et un indice de cétane supérieur à 51 (seuil minimum de la norme EN 590).
De nombreuses livraisons de gazole Non Routier ont déjà été effectuées. Selon les informations recueillies par le BCMA, les prix pratiqués fluctuent entre 0.71 et 0.76 €HT/L. Les premiers utilisateurs ne remarquent pas de problèmes sur aucun tracteur, et les mesures de puissances comparatives entre le fioul et le GNR ne montrent pas de différences.
Source : BCMA