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Le monde agricole se dote d’un contrat de solutions alternatives

Éric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA, sera de passage dans l’Allier vendredi 16 novembre afin de défendre le projet d’un contrat de solutions de progrès pour la protection des plantes. Entretien.

« Le contrat de solutions veut des solutions pas des interdictions concernant les produits phytosanitaires », Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Il viendra présenter ce contrat en détail vendredi 16 novembre à 14h30 sur l’exploitation de Jean-Loup Chatard à Cognat-Lyonne.
« Le contrat de solutions veut des solutions pas des interdictions concernant les produits phytosanitaires », Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Il viendra présenter ce contrat en détail vendredi 16 novembre à 14h30 sur l’exploitation de Jean-Loup Chatard à Cognat-Lyonne.
© FNSEA

Pouvez-vous expliquer en quelques mots en quoi consiste ce contrat. Comment l’agriculteur s’engage-t-il dans ce contrat ? Quels sont ses droits ? Ses devoirs ?

Ce qu’il est important de souligner sur ce contrat c’est que nous sommes 40 organisations agricoles à s’engager vis à vis de la société afin de tout mettre en œuvre pour apporter des solutions à la protection de nos plantes. En juillet, nous avons mis sur la table les 36 premières fiches « solution ». Notre objectif est de compléter ce contrat avec de nouvelles solutions par filière tous les six mois. Nous sommes en train de préparer le second contrat. En parallèle, nous travaillons à diffuser nos 36 solutions publiées cet été dans les réseaux syndicaux et consulaires. Est-il question de devoirs ou de droits ? Un devoir, nous en avons un sans aucun doute : envers le consommateur, et davantage envers nous-mêmes. La pression est tellement forte. Médiatiquement, on est dans un positionnement hystérique. C’est pénible à vivre pour nous, agriculteurs. Avec ce contrat, on choisit d’agir plutôt que de subir.

Où en est-on du soutien de l’Etat à ce contrat ?

Depuis juillet, nous sommes clairement déçus. Nous n’avons pas eu de réponse concrète. Les changements ministériels ont, semble-t-il, permis de relancer la machine. La semaine dernière, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et François de Rugy, ministre de la Transition écologique, ont été auditionnés par la commission « glyphosate». Ils se sont montrés ouverts à nos propositions. Mais pour l’instant, on en reste au stade de la déclaration. Je dois bientôt rencontrer les services des deux ministères. Nous sommes en attente d’un engagement concret. Car il y a dans ce contrat des choses qu’on ne pourra pas faire sans des interventions financières et réglementaires de l’État. Un exemple, sur la production de pommes de terre, on a la possibilité de réduire drastiquement des fongicides, à condition d’utiliser un outil d’aide à la décision via des données Météo France. Nous demandons à l’État d’avoir gracieusement accès à ces données habituellement payantes…

Pourquoi l’État se montre-t-il si réticent ?

La logique est inversée, cela peut-être déstabilisant. Depuis des années, l’État a voulu se faire le relais des consommateurs. Là, on a inversé les choses. Nous restons convaincus que pour relever le défi, il faut travailler ensemble, et pas sur des interdictions intempestives au détriment des exploitations agricoles. La dimension humaine est aussi de notre côté.

Ne faut-il pas mettre la pression sur les délais? Entre les exigences sanitaires et l’équilibre économique des exploitations et des filières, où placer le curseur pour que ça avance vite ?

J’aime à dire que ce contrat est un contrat à durée indéterminée. C’est un sujet qu’on a jamais fini de traiter et qui nécessite des remises en question perpétuelles. Pour répondre aux injonctions concernant certaines molécules, on ne peut pas trouver les solutions en un claquement de doigts. Un exemple, Nicolas Hulot a posé une échéance à 2040 pour la suppression du véhicule à essence. Il faut être aussi réaliste dans le secteur agricole et ne pas demander l’impossible. Sur le sujet du glyphosate, on nous donne trois ans. Il faut qu’on puisse faire tout ce qui est faisable... L’État a reconnu qu’il y aurait des impasses sur certaines interdictions.

Certaines filières ont d’ores et déjà été très affectées par des interdictions.

Et les conséquences sont radicales. Sans solutions trouvées face à des interdictions, certains colzas se sont retrouvés infestés d’insectes. J’opère toujours une comparaison parlante : certaines personnes ne souhaitent pas soigner leurs enfants avec des antibiotiques ; c’est tout à leur honneur. Mais quand ce même enfant commence à voir des crocodiles, ce ne sont pas les produits homéopathiques qui le soignent. Et bien c‘est la même chose pour les plantes. Dans notre métier, l’utilisation de produits phytosanitaires relève de la même logique. J’ai toujours tendance à dire que la vraie vie est une question d’équilibre. Aujourd’hui, les ONG sont toujours excessives. L’enjeu, c’est d’arriver à comprendre que la santé, c’est une question d’équilibre. L’excès n’est jamais souhaitable.

Parmi les sujets sensibles concernant l’Allier, la question de la proximité des habitations qui touche particulièrement le bassin vichyssois. Quelles sont les solutions proposées par votre contrat ?

Il s’agit de la fiche numéro 36 : on a travaillé sur une charte des riverains. Lors des Etats généraux de l’alimentation, nous avons du faire face à une pression extrêmement forte, pour imposer des zones sans traitement. Pour nous, c’est insensé car cela représente des surfaces colossales. Pour faire en sorte de vivre en bon voisinage et que les riverains n’aient pas peur, nous avons rédigé une charte en discussion dans les préfectures. Objectif : déploiement dans tous les départements pour 2019.

Quels conseils donneriez-vous aux céréalicuteurs de l’Allier victimes de ce très fameux « agri-bashing » ?

Une des manières de répondre, c’est justement le contrat de solution. La difficulté qui conduit à ces situations dramatiques, c’est que les consommateurs ont l’impression qu’on ne répond pas leurs attentes. Le contrat, c’est une manière de dire qu’on améliore nos pratiques et qu’on écoute ce qu’ils ont à nous dire. Face aux personnes qui pratiquent l’agribashing, il faut répondre par le dialogue : oui, nous vous avons entendu. Ensuite, nous demandons à l’Etat de nous encourager. La meilleure défense selon moi, c’est l’action. Nous voulons dire aux consommateurs que nous faisons tout notre possible.

 

Les partenaires du contrat

Acta, Adivalor, AGPB, AGPM, ANIA, ANPLC, APCA, Axema, CGB, Coop de France, Fafsea, Farre, FN3PT, FNA, Fnacc, Fnams, FNS, FNCA, FNPFcidre, FNPFruits, FNPHP, UNPT, FNPT, Fnsea, FNSEA commission viticulture, Fop, Gnis, IBMA, Jeunes agriculteurs, Légume de France, MSA, Pam de France, Syndicat des riziculteurs de France, UFS, UIPP, Vivea, Vegepolys, Sedima, FNCuma, Trame.



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