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« Boursagri peut redonner du pouvoir aux agriculteurs »

L’entreprise de négoce bourbonnaise Jeudy SAS lance une plateforme internet innovante de vente de céréales. Une sorte de marché en ligne, physique et intuitif, proche dans son fonctionnement du Matif, qui a pour ambition de faire se rencontrer acheteurs et vendeurs… sans intermédiaire.

« Nous sommes une start-up de 90 ans (Ndlr. 1928) » : Gilles et Raphaël Jeudy ont pensé le projet Boursagri en long, en large et en travers depuis trois ans. Le résultat : une plateforme de vente de céréales en ligne, qui vise à mettre en relation directe les acheteurs et les vendeurs.
« Nous sommes une start-up de 90 ans (Ndlr. 1928) » : Gilles et Raphaël Jeudy ont pensé le projet Boursagri en long, en large et en travers depuis trois ans. Le résultat : une plateforme de vente de céréales en ligne, qui vise à mettre en relation directe les acheteurs et les vendeurs.
© L’ALLIER AGRICOLE

Habituellement de nature discrète, les établissements Jeudy, spécialisés dans l’achat, le stockage et la revente de céréales basés au Montet, sortent de l’ombre. Et ce n’est pas pour faire dans la dentelle. Après trois ans d’un travail interne de titan, ils lancent une plateforme de vente en ligne qui, si elle fonctionne, révolutionnera le monde céréalier. Présentation avec Gilles et Raphaël Jeudy, respectivement 64 ans et 28 ans. Les deux instigateurs de cette réflexion portent ensemble ce projet avec une complicité palpable.

Comment ça marche?

Le principe est très simple.
« Nous avons voulu reproduire ce qui existe au Matif, un marché virtuel bien connu des céréaliers, pour avoir le premier marché physique en ligne : les vendeurs déposent sur le site des offres de vente. Les acheteurs, eux, déposent leurs demandes d’achats. Et notre objectif est de faire « matcher » ces offres et demandes ». L’innovation (soumise d’ailleurs à brevet) est là. Le « matching » se fait par la convergence de plusieurs critères  : année de récolte, produits et caractéristiques, lieu de chargement et critères logistiques, période de chargement, prix ». Il s’accompagne instantanément d’un contrat ! « Le but était de mettre en ligne un site très facile d’utilisation ». Le vendeur facture Boursagri (Ets Jeudy) et Boursagri facture l’acheteur. « Sur la vente, nous continuerons à offrir à nos clients la sécurité d’un service d’homme à homme : il y aura toujours nos services pour répondre à un problème.

Pourquoi cette plateforme peut-elle révolutionner la vente de céréales ?

Parce qu’elle redonne en partie du pouvoir aux céréaliers qui peuvent gérer eux-même le prix de vente. « Nous avons monté Boursagri avec une conscience aiguë de la situation », a expliqué Gilles Jeudy. « Nous sommes dans le métier depuis cinq générations et l’avons vu changer du tout au tout ». Cette situation, c’est celle de la disparition progressive des organismes de stockage et de la montée en puissance des Courtiers Cultures. « Dans les années 1960, la France comptait
6,3 millions d’agriculteurs, pour 5 717 coopératives et 1 200 négoces. En 2018, nous ne sommes plus que 400 négoces, 165 coopératives pour moins de 500 000 agriculteurs. Ajoutez à cela la multiplication des courtiers cultures, nous étions appelés à disparaître. Clairement, le modèle économique de notre métier est en train de changer. Au lieu de le subir, nous avons voulu reprendre les choses en main. Ça devait passer par la suppression des intermédiaires sur la détermination du prix… et bien nous sommes prêts à faire ce changement ».

Un développement ultra-secret

La plateforme Boursagri a nécessité trois ans de travail dans le plus grand secret. « Nos salariés, même notre famille… personne n’était au courant ».
Le duo savait qu’il tenait une idée qui pourrait matcher. Reste donc à voir si la mayonnaise va prendre. « L’espoir est là chez les céréaliers. Avec Boursagri, c’est le marché qui va faire le prix ». Depuis que le projet a été dévoilé il y a deux mois, déjà 480 personnes se sont inscrites. C’est gratuit. « Nous voulions que Boursagri soit ouvert à tous. Nous gagnerons de l’argent grâce à un pourcentage sur la vente ».

Il leur faudra surtout convaincre les acheteurs (FAB : fabricants d’aliments, OS : organisme de stockage) et courtiers qui, eux craignent une forte concurrence de la plateforme. Ce n’est pas pour décourager Gilles Jeudy qui tente toujours d’expliquer avec diplomatie « qu’on n’a pas le choix ». « Je pense que nous devons évoluer sans quoi nous mourons. Qui est malin pourra faire du business sur notre plateforme ». Il compte là-dessus car le succès de son idée réside sans aucun doute sur un regroupement de la profession autour de leur projet. Ils l’ont bien compris. Culottés et audacieux les Jeudy. Les échanges seront ouverts en novembre, ce sera l’heure du verdict. Au duo de conclure, « si ça marche, ce sera la récompense de trois ans de travail acharné ». Ils viseraient alors 80 000 tonnes de vente via la toile. « Sinon, on continuera quand même à avancer ». Jeudy, ou l’optimisme d’une start-up de 90 ans...


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