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Bien-être animal : un outil pour attester de sa réalité en élevage

L’interprofession a travaillé avec des éleveurs, techniciens, vétérinaires, ONG pour élaborer une grille d’évaluation de la protection animale en élevage.

L’outil d’évaluation du bien-être animal prend en compte cinq libertés : l’absence de faim et soif, l’absence de douleur, blessure et maladie, l’absence de peur, détresse, l’absence de contrainte physique et la possibilité d’exprimer les comportements naturels propres à l’espèce.
L’outil d’évaluation du bien-être animal prend en compte cinq libertés : l’absence de faim et soif, l’absence de douleur, blessure et maladie, l’absence de peur, détresse, l’absence de contrainte physique et la possibilité d’exprimer les comportements naturels propres à l’espèce.
© PO

Le bien-être animal s’est imposé ces derniers années comme une des préoccupations premières des consommateurs et citoyens, devançant les questionnements relatifs à l’alimentation animale et l’origine des viandes. Une préoccupation que l’industrie agroalimentaire, comme les GMS, ont tôt fait de transformer en argument de vente sans que cette notion soit véritablement précisée. Comment définir et évaluer en effet le bien-être animal en élevage et tout au long de la filière ? Comment rassurer consommateurs et citoyens sur le fait que les pratiques de chaque maillon sont respectueuses de ce bien-être animal ? Une mutation des attentes et postures avec l’avènement de “consom’acteurs” dont s’est emparée dès 2015 l’interprofession bétail et viande dans le cadre plus global de son Pacte pour un engagement sociétal. Après un premier cycle d’échanges avec les ONG de protection de l’environnement, Interbev a donc décidé de conduire une pareille concertation avec les associations de protection animale non antispécistes (Welfarm, OABA, CIWF et LFDA...). Objectif pour la filière : sortir des oppositions stériles pour identifier les champs de convergence, les points de désaccord aussi et les marges d’amélioration pour garantir la protection des animaux et limiter les risques d’antibiorésistance.

Outil de diagnostic en élevage


Dans le cadre d’un groupe de travail animé par Interbev avec l’appui de l’Institut de l’élevage, éleveurs, techniciens de coopératives, vétérinaires... se sont ainsi attachés à créer un outil d’évaluation des pratiques de protection animale en élevage. En partant d’une définition du bien-être animal reconnue internationalement par le FAWC (Farm animal welfare council) et basée sur les cinq libertés fondamentales de l’animal. À savoir : l’absence de faim et soif, l’absence de douleur, blessure et maladie, l’absence de peur, détresse, l’absence de contrainte physique (environnement approprié) et la possibilité d’exprimer les comportements naturels propres à l’espèce. Ces risques ont été déclinés en indicateurs précis et objectivés sur les animaux et leur environnement. Au final, une grille comportant 36 indicateurs a été élaborée avant d’être testée en élevages pour en mesurer la pertinence, la faisabilité et l’acceptabilité.
Un travail qui est venu enrichir un outil informatique existant d’évaluation du bien-être animal, à destination des techniciens d’élevage : BoviWell, mis au point par 16 organisations agricoles et Moy Park Beef Orléans(1). Avec une triple ambition, résumée par Matthieu Tissot : “Sensibiliser les acteurs de la filière, faire le lien entre bien-être animal et indicateurs techniques sur l’exploitation et identifier les bonnes pratiques susceptibles d’être déployées à grande échelle.” Concrètement, un questionnaire rempli par l’éleveur permet de caractériser ses pratiques sur différents postes : animaux à l’attache ou pas, accès à l’aire d’exercice, modalités d’écornage, indicateurs de santé du troupeau (mammites...),...

Une “réassurance collective”


Suit une phase d’observation en bâtiment pour évaluer le respect des cinq libertés fondamentales via plusieurs critères : note d’état corporel, nombre d’abreuvoirs, propreté des animaux, surface de couchage, luminosité, blessures, boiteries éventuelles,... S’ajoute un test d’approche et, pour les jeunes bovins, le contrôle des comportements “normaux” : succion...
Ce diagnostic aboutit à une note globale de bien-être du troupeau mais il permet surtout de dégager, avec le technicien, des leviers d’action. Et de se rassurer avant de rassurer le consommateur comme en témoigne Emmanuel Bernard, éleveur de charolaises dans la Nièvre et vice-président de la FNB. Ce dernier confie avoir d’abord perçu cette démarche comme une contrainte supplémentaire, “même si personnellement, je suis très sensible à cette question et aux attaques sociétales dont on fait l’objet. Pour moi, le bien-être animal n’est pas un problème, je n’ai pas de doute sur mon métier et mes pratiques, mais j’ai vu dans cet outil un levier de réassurance collective et de progrès à mon niveau”.
Pragmatique, Emmanuel Bernard attend aussi que tout outil, comme tout technicien, lui fasse “gagner plus que ce qu’il coûte”. Le diagnostic confirme chez l’éleveur bourguignon un niveau de bien-être animal supérieur à la moyenne avec des points forts comme des animaux particulièrement calmes, un confort élevé mais aussi des axes de progression : l’utilisation d’antidouleurs lors des opérations d’ébourgeonnage ou un abreuvement des jeunes bovins revisité. “On avait un bâtiment d’engraissement des JB datant des années 80 avec des petites cases et un abreuvoir pour deux cases. Or, un animal doit avoir accès à deux abreuvoirs. On ne pouvait pas construire un bâtiment neuf, du coup on a repensé les cases, fait des lots plus gros, supprimé les barrières pour que les JB accèdent à deux abreuvoirs.  Bien sûr, ça n’a pas fait doubler le GMQ(2) des veaux mais ça nous a fait progresser.”

(1) Principal fournisseur de steaks hachés de McDonald’s France.

 

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